Quelques définitions
La sensibilité dentaire se définit par une douleur au niveau d’une ou plusieurs dents lorsque celles-ci sont en contact avec la chaleur, le froid, la nourriture, les boissons sucrées, acides, ou la respiration d’air froid. La sensibilité dentaire, nom courant de l’hypersensibilité dentinaire, est la conséquence de l’exposition de la dentine, partie sensible de la dent : lorsque la dentine n’est plus protégée, les sensations de chaud et de froid peuvent atteindre le nerf de la dent (ou pulpe) par le biais des canaux ouverts de la dentine.
La perte de l’émail ou la rétraction de la gencive sont les principales causes de l’exposition de la dentine aux agressions extérieures. La dentine contient des milliers de minuscules canaux, les tubules, qui relient la surface de la dent à son nerf. Les tubules contiennent un fluide, qui après avoir été en contact avec des boissons ou de la nourriture chaude ou froide, irrite le nerf et engendre la douleur. Les phénomènes biologiques à l’origine de la sensibilité dentinaire ne seraient pas bien connus, néanmoins la théorie admise est une stimulation des fibres nerveuses nociceptives pulpaires par un mouvement du fluide dentinaire à l’intérieur des tubules.
La couche d’émail protège normalement les millions de canaux de la dentine mais à l’endroit où l’émail est très fin c’est-à-dire au niveau du collet et là où il n’y a plus d’émail, soit au début de la racine, les stimuli vont davantage se faire sentir. Ce sera particulièrement le cas chez les personnes présentant une rétractation de la gencive ou une perte d’émail au niveau du collet.
Un brossage de dent mal adapté ou trop brutal, l’utilisation d’un dentifrice trop abrasif peuvent entamer l’émail de la dent et progressivement exposer la dentine. Un régime trop acide peut également causer une érosion de la dent, en dissoudre la surface et mettre à nu la dentine. Enfin, une hyperacidité pathologique (reflux gastro-oesophagien, régurgitation, sténose du pylore, vomissements de la grossesse ou trouble du comportement alimentaire avec vomissements…) peut entraîner l’érosion puis l’hypersensibilité dentaire en raison de l’acidité buccale. Avec l’âge, la rétractation gingivale est très courante, près de 4 personnes sur 5 en souffrent dès l’âge de 65 ans : les gencives se rétractant, la surface de la racine dentaire s’use. Enfin, une maladie parodontale peut également être responsable de la sensibilité dentaire.
Il est donc important de traiter des dents sensibles car la douleur provoquée au brossage peut entraîner une baisse de l’hygiène bucco-dentaire et être source de caries ou de gingivite. Attention, une douleur causée par le chaud ou le froid, des boissons sucrées ou salées peut aussi être le symptôme d’une carie dentaire.
Un peu de physiopathologie
On distingue quatre types de dent : 8 incisives dont le rôle est de couper, 4 canines qui déchirent, 8 prémolaires qui écrasent et 12 molaires qui broient. Chaque dent est constituée de trois parties : la racine, la couronne et le collet. Les dents, constituées de tissu vivant sont implantées sur le rebord alvéolaire du maxillaire (mâchoire supérieure) et de la mandibule (mâchoire inférieure) formant l’arcade dentaire.
La racine est la partie de la dent implantée dans l’os alvéolaire, logée dans la cavité des os de la mâchoire, l’alvéole dentaire. Non apparente, elle représente environ les 2/3 de la hauteur de la dent et assure l’articulation avec l’os du maxillaire et de la mandibule par l’intermédiaire du ligament alvéolo-dentaire.
La couronne est la partie supérieure de la dent, seule partie normalement visible. Au centre de la couronne qui contient des vaisseaux et les nerfs, se trouve la pulpe de la cavité pulpaire. Des filets radiculaires prolongent la cavité pupillaire jusque dans l’axe des racines.
La dent est recouverte de dentine (ivoire), de cément au niveau de la racine et d’émail. L’émail, tissu le plus dur et le plus minéralisé, est la couche extérieure qui recouvre la couronne. La dentine est la couche de la dent située sous l’émail et formant la racine. Si la carie pénètre au travers de l’émail, elle attaque la dentine où des millions de tubes minuscules assurent un contact direct entre la bouche et la pulpe dentaire.
Enfin la pulpe est le tissu mou qui se trouve au centre de toutes les dents, riche en vaisseaux sanguins et en tissu nerveux. L’atteinte de la pulpe par la carie est habituellement douloureuse.
Qui dit dents dit gencives : les gencives, l’os alvéolaire et le ligament parodontal sont les moyens d’ancrage de la dent. Le liseré gingival est lieu de rencontre entre la dent et la gencive. Les gencives sont les tissus mous roses et fermes de la muqueuse buccale qui recouvrent les faces interne et externe des os de la mâchoire ; elles constituent une barrière protectrice au collet de la dent.
Les mots du conseil
Le maître mot, une bonne hygiène bucco-dentaire.
La sensibilité dentaire n’est pas forcément liée à une mauvaise hygiène buccale, néanmoins certaines règles sont à respecter. Une hygiène bucco-dentaire correcte est synonyme de dents propres et saines, de gencives rose pâle ne saignant pas au contact de la brosse à dents, et d’haleine fraîche. Un mauvais brossage ou une mauvaise utilisation du fil dentaire favorise l’accumulation progressive de plaque et de tartre au niveau du liseré gingival, entraînant gingivite et maladie des gencives. En l’absence d’un bon nettoyage, l’émail peut être attaqué par la carie.
Entre les visites de contrôle chez le chirurgien-dentiste, la prévention quotidienne passe donc par un brossage avec les outils adaptés : brosse à dents, dentifrice, bain de bouche et idéalement l’utilisation de fil dentaire.
Le brossage : tenir la brosse en lui imposant un angle de 45 degrés vers le liseré gingival et, tout en appuyant sur la brosse, lui faire faire une rotation qui l’éloigne du liseré gingival. Brosser en douceur avec de petits mouvements de va-et-vient, l’intérieur, l’extérieur et la surface de chaque dent. Terminer par un brossage léger de la langue pour éliminer les bactéries.
Le fil dentaire : couper environ 40 cm de fil en gardant libre quatre ou cinq cm. Suivre les contours des dents sans oublier de nettoyer sous le liseré gingival en évitant de faire claquer le fil dentaire sur les gencives.
La prévention commence chez l’enfant.
Pour que l’enfant ait des dents fortes et résistantes, la prévention commence par la nécessité d’une alimentation équilibrée riche en vitamines, minéraux, notamment en calcium, en phosphore et fluor. Les glucides et les féculents présents dans les biscuits, les bonbons, les sodas, les chips (etc..) libèrent des acides dès qu’ils sont au contact de la plaque dentaire. Ces acides attaquent l’émail jusqu’à 20 minutes après une ingestion d’aliments. Si le fluor est la meilleure protection contre la carie, le grignotage doit être occasionnel.
L’hypersensibilité dentaire, symptôme d’une pathologie ?
Si au bout de deux mois de traitement, les troubles persistent, une consultation chez le dentiste s’impose. Plus généralement, en dehors de la visite annuelle, il est indispensable de surveiller d’éventuels changements dans la bouche : gencive brutalement douloureuse, changement de couleur de la gencive (gencives violacées, rougies…), saignement lors du brossage des dents ou de l’utilisation du fil dentaire, mauvaise haleine, sensation de pression entre les dents après les repas.
Produits conseils
Les outils essentiels de lutte contre la sensibilité dentaire sont les dentifrices et les solutions de bain de bouche adaptés aux dents sensibles et les brosses à dent à poils souples.
Les dentifrices spécial « dents sensibles » sont généralement à base de chlorure de strontium ou de sels de potassium, molécules destinées à protéger les collets. Ils contribuent également à renforcer l’émail des dents et à limiter ainsi la formation des caries lorsqu’ils contiennent du fluor. Plusieurs formes galéniques sont disponibles suivant les goûts : les formes gel avec par exemple Arthrodont protect gel dentifrice dents et gencives, Colgate Sensitive, Elgydium gel dentifrice dents sensibles, Elmex, Gum Paroex gel dentifrice, Gum Sensitival gel dentifrice ou Emoform gel dentifrice action intensive ; les formes pâte comme Emoform® pâte dentifrice gencives sensibles goût anis ou menthe, Fluocaril dents sensibles goût menthe, Emoform pâte dentifrice dents sensibles ou encore Kontrol dentifrice soin des gencives. On peut également choisir un dentifrice végétal à base d’extraits de plantes médicinales comme le gel dentifrice Weleda à base de camomille, myrrhe et ratanhia sélectionnées pour leur action apaisante sur les gencives sensibles.
À chaque âge, son dentifrice et pour l’enfant, on dispose d’arômes plus originaux que la menthe : de 2 à 6 ans on peut conseiller par exemple Buccotherm mon premier gel dentifrice goût mangue, pour les 7-12 ans, citons le Fluocaril junior enfants gel dentaire goût bubble ou fraise.
Le brossage se fait avec une brosse à poils souples ou extra-souples. On peut également lui associer un bain de bouche riche en minéraux, visant à la minéralisation de la dentine exposée. Avec ou sans alcool, le choix est vaste. Sans alcool, par exemple, Gum sensitival bain de bouche fluoré ou avec alcool, Meridol bain de bouche prêt à l’emploi ou Parodontax bain de bouche quotidien prêt à l’emploi, Parogencyl bain de bouche gencives fragilisées soluté gingival.
Enfin, lorsque la douleur est localisée aux gencives, l’application d’un gel peut aider à soulager la douleur comme par exemple Parodium gel gingival pour gencives sensibles, Sensigel gel dentaire dents sensibles…
Lorsque cette prise en charge ne suffit pas, il faut se tourner vers le dentiste qui proposera une solution individuelle adaptée à chaque cas.
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