L’INFORMATION est à la fois sans nouveauté et parfaitement nouvelle. Parce que des chercheurs américains de La Jolla (Californie) viennent de confirmer une hypothèse datant des années 1970 concernant l’infection par les virus de la dengue. Il faut dire que la théorie proposée alors par Scott Halstead (un chercheur renommé pour ses travaux sur ce virus) était « osée ». Ce médecin avait constaté, dès les années 1960, en Thaïlande, que les sujets les plus gravement atteints par l’infection étaient déjà porteurs d’anticorps contre l’un des quatre sérotypes de virus de la dengue. Une réaction paradoxale, confirmée par la mise en évidence d’infections plus sévères chez les enfants issus de mères elles-mêmes porteuses d’anticorps. Dès lors, Scott Halstead formulait son hypothèse dite « aggravation de l’infection dépendant des anticorps ».
Le travail que publient Sujan Shresta et coll. (La Jolla) vient, au bout d’une quarantaine d’années, valider l’hypothèse grâce à un modèle animal. La nouvelle est double : confirmation d’une théorie, mais aussi annonce de la mise au point d’un modèle murin de l’infection qui manquait cruellement à la
recherche.
Grâce à ces souris, l’équipe a constaté que les cellules sinusoïdales endothéliales hépatiques forment le support de l’aggravation de l’infection et non pas, comme les chercheurs s’y attendaient, les cellules immunitaires telles que les macrophages ou les cellules dendritiques.
« Aggravation de l’infection dépendant des anticorps ».
En pratique, explique Sujan Shresta, les quatre sérotypes du virus de la dengue circulent simultanément. Chacun est responsable de l’apparition d’anticorps « sous-neutralisants » vis-à-vis des autres. Ainsi, l’infection par l’un de ces sérotypes confère une immunité spécifique qui persiste toute la vie. Que survienne une nouvelle infection par un autre sérotype viral et les anticorps présents manquent de spécificité pour le reconnaître et le neutraliser. C’est alors que s’installe la paradoxale « aggravation de l’infection dépendant des anticorps ». Une cascade de réactions inhabituelles se déclenche, qui fait que les anticorps se détournent de leur but protecteur pour, au contraire, favoriser l’infection par le virus. Outre ce constat, la confirmation américaine ouvre un champ de questions sur la vaccination. La mise au point d’un vaccin devra impérativement viser les quatre sérotypes simultanément. Une immunisation partielle pourrait conduire à l’effet inverse de celui recherché. C’est-à-dire la survenue des formes les plus graves de l’infection, potentiellement létales, comme la fièvre hémorragique ou le syndrome de choc.
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