« Presque 40 % des hommes et 25 % des femmes VIH+ ont plus de 50 ans en France. Leur moyenne d’âge augmente chaque année et c’est une excellente nouvelle car les traitements les maintiennent en vie, explique le Pr Jacqueline Capeau. S’ils sont observants, ils peuvent récupérer une immunité correcte c’est-à-dire un taux de CD4 largement supérieur à 200/mm3 et une charge virale contrôlée (faible ou indétectable). »
Ces patients de plus de 50 ans ont souvent connu le virus des premiers jours et l’absence de traitement, l’arrivée de l’AZT… puis les inhibiteurs de protéases et la trithérapie ont mieux contrôlé le virus, restauré l’immunité et assuré la survie mais souvent au prix de toxicités, complications et comorbidités.
Comorbidités liées au vieillissement
Cette population présente aujourd’hui une prévalence accrue de comorbidités liées au vieillissement : pathologies cardiovasculaires (HTA, IdM, AVC, insuffisance cardiaque), pulmonaires (BPCO…), neurocognitives (dépression, troubles de l’attention), métaboliques (dyslipidémies, prise de poids), rhumatologiques (ostéoporose), et des cancers.
Ces derniers ne sont plus « classant-SIDA » comme le Kaposi, mais « non classant-SIDA » : hépato-carcinomes (VHB, VHC), cancer du poumon, de la marge anale (papillomavirus)… « Participent à ce surcroît de comorbidités, le virus accumulé dans des réservoirs dans l’organisme, les médicaments toxiques antérieurs (parfois rémanents), les co-infections (hépatite, CMV), le traitement actuel et, très souvent, des facteurs de risque "classiques" (tabagisme, drogue, alimentation, sédentarité, obésité…). D’où le paradoxe : à 50 ans, les patients de 50 ans VIH+ sont actuellement vieillissants ; un vieillissement accentué auquel devraient dans l’avenir échapper les patients récemment infectés aujourd’hui plus jeunes, traités tôt par des médicaments moins toxiques et mieux suivis que la population générale », explique le Pr Capeau.
Un nécessaire travail d’équipe
La prise en charge des patients VIH s’est en effet longtemps limitée à contrôler le virus. Les patients qui ont survécu vieillissent et développent des comorbidités. Les recommandations actuelles de prise en charge du patient VIH+ préconisent de les dépister lors de bilans annuels, de dépister les cancers comme en population générale et de traiter ces comorbidités selon les recommandations générales. Pour le Pr Jacqueline Capeau, « la principale difficulté chez ces patients avec une fonction hépatique et/ou rénale parfois diminuée est d’une part d’éviter de multiplier les médicaments source d’interactions médicamenteuses, de morbidité induite et de surdosages et d’autre part de déterminer les pathologies à traiter en priorité. Plus que multiplier les recours aux divers spécialistes, les infectiologues ressentent le besoin d’un travail d’équipe avec les médecins généralistes et les gériatres pour graduer et cibler les priorités et définir des schémas thérapeutiques raisonnables auxquels les patients peuvent être compliants. Médecins généralistes et gériatres ont l’habitude de prendre en charge les facteurs de risque et les pathologies du vieillissement (diabète, dyslipidémies, HTA, dépression…). À terme, lorsque le traitement antirétroviral est établi, il serait légitime que les médecins soient formés à leurs interactions et que le patient VIH devienne un patient comme un autre ».
Les aider à mieux vieillir
La prévention et les traitements limitent chez le patient VIH+ comme en population générale l’incidence des comorbidités. Lui aussi doit pouvoir vieillir en bonne santé. Le Pr Jacqueline Capeau invite « à se battre pour inciter ces patients VIH à limiter les facteurs de risque (arrêt du tabac, reprise du sport...), contrôler une HTA, dépister et traiter un cancer ou une hépatite C ».
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