LE TABAC EST CONNU pour son puissant pouvoir de renforcement chez les humains et la nicotine est généralement considérée comme le composant responsable, au premier chef, de cet effet addictogène. Or les données expérimentales tendent à contredire cette notion, la nicotine n’a pas les mêmes effets que ceux d’autres drogues d’abus (opiacés, cocaïne…) et elle ne marche pas sur les modèles animaux de l’addiction. Comment expliquer l’effet addictogène de la fumée de cigarette ?
La fumée de cigarette contient des inhibiteurs de la monoamine-oxydase (IMAO) et il a été démontré que les IMAO sont nécessaires pour que l’effet addictif de la nicotine apparaisse.
La nicotine donnée seule ou les IMAO donnés seuls n’ont pas d’effet sur les modèles d’addiction, mais l’association des deux agit comme d’autres addictogènes (cocaïne, morphine ou éthanol), induisant une potentialisation de la réponse des neurones noradrénergiques et sérotoninergiques qui persiste à long terme.
L’équipe de chercheurs de l’UMPC publie maintenant un décryptage d’un mécanisme pharmacologique par lequel les neurones se protègent contre la dépendance de la nicotine et sur lequel agissent les IMAO.
Les neurones sont dotés d’autorécepteurs, qui leur permettent d‘éviter un emballement du système. Les récepteurs 5HT1A ont cette fonction sur les neurones sérotoninergiques. Les neurones sérotoninergiques se protègent contre l’effet de la nicotine en faisant exprimer ces récepteurs 5HTA1.
Des récepteurs désensibilisés par les IMAO.
Chez un fumeur, la présence d’IMAO associés à la nicotine induit une désensibilisation de ces récepteurs et libèrent l’effet addictogène de la nicotine.
Mais lorsqu’on donne un substitut nicotinique dans le cadre d’un sevrage tabagique, il n’y a pas d‘IMAO et de ce fait la nicotine n’activant pas les systèmes de dépendance, au bout de quelque temps, le manque apparaît.
L’étude de l’association d’un antidépresseur aux patchs ou autres substituts nicotiniques permettrait de savoir si l’on parvient ainsi à restaurer l’effet de la nicotine et donc à éviter l’effet de manque. On pourrait donner l’antidépresseur sous la forme d’un médicament ou trouver un produit ayant la même fonction qui passerait la barrière hémato-encéphalique. Tous les antidépresseurs ont peu ou prou un effet d’augmentation de la sérotonine.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques