RAPPELONS que le pancréas artificiel correspond à un système de boucle fermée comprenant des capteurs mesurant la glycémie, une pompe à insuline et, au milieu, un système informatique déterminant, en fonction des valeurs de glycémie enregistrées, la dose d’insuline qui doit être administrée (manuellement ou par système automatisé). Les recherches visent à vérifier et à améliorer l’efficacité et la tolérance des modèles et dispositifs existants.
Un objectif est d’atténuer les pics glycémiques postprandiaux qui sont imparfaitement maîtrisés par les boucles fermées. Dans ce but, N. Ramchandani (New York, États-Unis) et coll. administrent manuellement, avant les repas, un inhibiteur de glucagon (pramlintide ou exenatide) : objectif significativement atteint avec les deux molécules (p ‹ 0,02 et p ‹ 0,009, par rapport aux patients uniquement traités par le système Medtronic ePID CL), le meilleur profil glycémique étant obtenu avec l’exenatide (1). On note l’absence d’hypoglycémie, mais on espère la mise au point d’une délivrance totalement automatisée qui dispensera d’injections bien contraignantes. B. A. Buckingham (Stanford, États-Unis) et coll. ont utilisé une pompe fermée hybride (2), une dose d’insuline manuellement administrée en préprandial, en plus de la délivrance automatisée standard, la semaine suivant le diagnostic, afin de mieux contrôler la glycémie et de préserver les cellules bêta... Un objectif qui semble atteint dès le 3e jour de traitement intensif, le contrôle glycémique restant quasiment total une semaine après l’arrêt de cette intervention, alors que le patient est rentré chez lui avec une pompe à insuline standard avec capteurs de glycémie (SAP).
Le coup de la panne.
Autre type de recherche (3), J. L. Sherr et coll. (Newhaven, États-Unis), ont soumis 8 patients équipés d’une pompe à insuline avec capteur Medtronic Sensor, à un arrêt manuel de la pompe au cours de la nuit durant deux heures (ce qui reproduit les conditions d’une courte panne ou d’un arrêt du système déclenché par une hypoglycémie). Une simulation rassurante car, si l’on observe bien une hausse modérée de la glycémie, le matin au réveil, il n’y a pas de production excessive de corps cétoniques et donc pas de risque d’acidocétose.
Se rapprocher de la vraie vie.
Il n’a pas échappé à M. Phillip (Israël) et coll. (4) que les études portant sur le pancréas artificiel sont pour la plupart réalisées dans les centres, sur de petits groupes de patients et durant une courte période. Or il faudra bien arriver à banaliser la technique si l’on veut développer le pancréas artificiel, ce qui a conduit les auteurs à développer et à tester un système électronique de surveillance à distance de plusieurs patients (MD-Logic Safety and Remote System ou MDSR). Grâce à une simple connexion Internet, on suit en temps réel la glycémie de plusieurs patients. Le système est également doté d’une alarme se déclenchant en cas de panne ou de dysfonctionnement des différents composants du pancréas artificiel.
Le système de surveillance a été testé avec succès chez des adolescents slovènes partant en camp de vacances. Il s’avère rapide (99,9 % des informations transmises en moins de 10 secondes) et fiable : 75 % des alarmes de sécurité (1,1 ± 1,6 / nuit / patient) étant liées à des problèmes de capteurs facilement gérables.
Dans la même veine, le Medtronic Portable Glucose Control System (PGCS) comporte deux capteurs sous-cutanés qui transmettent les informations à un logiciel placé sur Blackberry, ce qui permet de contrôler les doses délivrées par la pompe à insuline. Les essais (5) présentés par M. J. O’Grady et coll. (Perth, Australie) paraissent, là encore, satisfaisants pour contrôler la glycémie nocturne chez 8 adolescents présentant un diabète de type 1, sans problème particulier de tolérance.
Repousser les limites.
Deux dernières études présentées en late breaking sessions méritent une mention particulière car elles visent à étendre le champ d’application du pancréas artificiel. Ainsi, A. Dauber et coll. (Boston) ont présenté les premiers résultats (6) chez l’enfant de moins de 7 ans qui jusqu’à présent était récusé, en raison du risque fréquent d’hypoglycémie sévère et de comportements de repas et d’activité peu prédictibles. Les résultats sont prometteurs?: le contrôle glycémique, et en particulier des hyperglycémies postprandiales, apparaît comparable à celui obtenu avec une pompe à insuline classique, sans problème particulier de tolérance. Le travail le plus impressionnant est peut-être celui de H. C. Zisser et coll. (Santa Barbara, États-Unis), portant un dispositif de contrôle prédictif appliquant un « modèle de zone », en fonction de données enregistrées préalablement à l’hôpital lors de la mise en place du système et prenant en compte les effets des repas et de l’exercice physique (7). Un autre algorithme, prédictif des hypoglycémies (Health Monitoring System) étant couplé au contrôleur de zone, envoyant des alertes par SMS ou MMS. Les premiers essais sur 12 diabétiques de type 1 (âge moyen de 49 ans, durée moyenne du diabète 32 ans) paraissent concluants en termes d’efficacité, mais aussi de
tolérance.
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