« Le valproate est interdit pendant la grossesse et ne doit plus être prescrit aux femmes en âge de procréer – sauf circonstances exceptionnelles », annonce l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), suite à une décision européenne. Les restrictions concernant cette molécule durcissent donc d’un cran, en raison de son puissant effet tératogène. « Le valproate entraîne un taux élevé de malformations (plus de 10 %) et/ou de troubles neuro-développementaux (30 - 40 %) chez les enfants exposés pendant la grossesse », évoque l‘ANSM.
Rappelons que, depuis juillet 2017, le valproate et ses dérivés étaient contre-indiqués chez les femmes enceintes et les femmes en âge de procréer sans contraception efficace, mais uniquement dans le traitement des épisodes maniaques des troubles bipolaires. Seules les spécialités Dépakote (valproate) et Dépamide (valpromide) étaient donc concernées.
Pour les autres spécialités indiquées dans l’épilepsie (Dépakine, Micropakine et génériques), le valproate pouvait encore être prescrit dans la population féminine, avec certaines restrictions : prescription par certains médecins spécialistes, si aucune alternative n'était possible, information obligatoire de la patiente sur les risques encourus (accord de soins cosigné par le prescripteur et la patiente à présenter au pharmacien pour la délivrance, multiplication des documents à destination des médecins et des patientes sur les risques tératogènes, mise en garde sur l’emballage des médicaments…)
Aujourd’hui, toutes les spécialités à base de valproate (c’est-à-dire Dépakote, Dépamide, Dépakine, Micropakine, et leurs génériques) sont concernées par la contre-indication chez toutes les femmes en âge de procréer.
Prescription exceptionnelle
Néanmoins, il n’existe parfois aucune alternative thérapeutique au valproate dans le traitement de l’épilepsie. C’est pourquoi l’ANSM laisse une possibilité de prescription en cas de circonstances exceptionnelles : « Chez une femme, le valproate ne doit pas être prescrit, sauf en cas d’inefficacité ou d’intolérance aux alternatives, comme dans les situations exceptionnelles d’épilepsie résistante aux autres traitements », indique l’agence sanitaire. En d’autres termes si le valproate est la seule option, le médicament pourra être prescrit, mais les grossesses devront absolument être évitées en veillant à ce que les conditions du « Plan de prévention de la grossesse » soient respectées (information complète de la patiente sur les risques, la réévaluation annuelle de l’intérêt du traitement, tests de grossesse, la prise d’au moins une contraception efficace, signature annuelle de l’accord de soins…). La contre-indication est absolue chez les femmes enceintes et chez celles qui envisagent une grossesse, sauf dans des situations exceptionnelles d’épilepsie résistante aux autres traitements.
Le logo « interdit » apparaît
Ces nouvelles contre-indications seront répercutées sur les conditionnements de Dépakine, Micropakine et leurs génériques : le pictogramme « Valproate + grossesse = interdit » viendra remplacer le pictogramme « Valproate + grossesse = danger » sur ces spécialités. De plus, la « carte patiente », actuellement remise par le médecin ou le pharmacien, sera intégrée aux boîtes. Le pictogramme « interdit » sera également apposé sur les blisters, sachets et flacons.
Comme le précise l'ANSM, les autorisations de mise sur le marché (AMM) des médicaments contenant du valproate intégreront ces mesures avant la fin du mois de juin 2018. La brochure patiente, le guide d’information pour les médecins et le formulaire d’accord de soins seront, quant à eux, actualisés et disponibles fin juillet 2018. Enfin un QR code sur ces boîtes renverra à un site d'information validée dédié aux risques liés à l’exposition au valproate au cours de la grossesse.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques