Certains récits sont parfois si improbables qu'ils ne paraissent pas vrais. La mésaventure survenue au cardiologue américain John Warner est de ceux-là.
L'histoire se passe lors du congrès de l'American Heart Association (AHA), grand-messe américaine de la cardiologie, qui se tenait à Anaheim (Californie) entre Noël et la Saint-Sylvestre. Au matin du troisième jour de l'événement, le Pr Warner, président fraîchement élu de l'AHA, débute sa journée avec son habituelle séance de vélo en salle. Comme chaque jour de l'année, l'éminent cardiologue applique à son propre corps les principes d'entretien physique qu'il prodigue régulièrement à ses patients. Mais ce jour-là, à peine est-il revenu dans sa chambre d'hôtel, qu'il s'effondre et perd connaissance. Il est 6 h 43. Par bonheur, le médecin a eu la bonne idée d'emmener ses enfants en congrès avec lui. Après avoir prévenu les secours, sa fille prodigue avec application un massage cardiaque, geste que lui a appris son père. Pour le rythme, suivre celui de la chanson des Bee Gees « Stayin' Alive », se répète mentalement Miss Warner. On fait quérir dans l'hôtel, qui n'en manque pas, les plus grands cardiologues. Deux d'entre eux prennent le relais du massage. Mais rien n'y fait. Les employés de l'établissement apportent alors un défibrillateur. Un choc, puis deux. Le Pr Warner est toujours inconscient. « J'ai pensé qu'il était condamné », témoigne le Dr Tia Raymond. La cardiologue pédiatrique procède toutefois à un troisième choc électrique, finalement salvateur. Plusieurs congressistes accueillent le président de l'AHA à son arrivée à l'hôpital. Ils livrent un diagnostic aussi simple que collégial : infarctus du myocarde avec élévation du segment ST. Un stent est rapidement posé.
Trois jours plus tôt, lors de son discours d'ouverture, le Pr Warner avait insisté sur la composante génétique des maladies cardiovasculaires en évoquant le cas de sa propre famille cruellement frappée par celles-ci. Il ne se doutait pas alors à quel point son propos était prémonitoire…
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