Les Ordres et les syndicats régionaux, interrogés par l’ABDA, ont pour la plupart détaché du personnel pour aider, sur le terrain, les pharmaciens à mieux prendre en charge les réfugiés, y compris sur le plan administratif.
Globalement, les pharmaciens d’officine disent ne pas avoir trop de problèmes concrets pour approvisionner les réfugiés : dès lors qu’ils sont officiellement enregistrés, ceux-ci disposent en effet de documents provisoires, voire de cartes d’assurés sociaux, qui leur donnent le droit d’obtenir, comme tout patient, les médicaments qui leur sont prescrits par les médecins. Les migrants non encore enregistrés, qui n’ont donc aucun droit social, dépendent, eux, des associations humanitaires qui gèrent l’ensemble de leurs prestations de santé.
Dans certaines régions, les pharmaciens d’officine ont organisé des collectes de médicaments, remis ensuite aux associations humanitaires, mais ces initiatives restent locales. En général, les médicaments sont fournis directement aux médecins et aux pharmaciens des associations humanitaires, soit par les pouvoirs publics, soit sous forme de dons par l’industrie et les grossistes. Selon les régions, les services sociaux se montrent plus ou moins stricts quant à la mise à disposition des cartes d’assurés sociaux et la prise en charge des dépenses.
Les relations entre l’administration et les professionnels de santé ont des conséquences directes sur la dispensation des médicaments : dans certaines régions, tout se passe bien, mais dans d’autres, notamment dans les Länder du nord du pays, les pharmaciens ont beaucoup de tâches bureaucratiques à accomplir pour se faire payer, et hésitent souvent, au comptoir, sur les types et les méthodes de facturation à mettre en œuvre. Dans les Länder qui ont doté les migrants de cartes d’assurés sociaux, valables 15 mois, ces problèmes sont moins fréquents que dans ceux qui n’ont pas développé cette prestation.
Difficulté linguistique
Pour les pharmaciens, la principale difficulté reste linguistique. Le journal de l’Ordre a d’ailleurs mis à disposition des pharmaciens des lexiques en arabe et en persan, reprenant les phrases les plus fréquemment utilisées dans les échanges entre les pharmaciens et les patients. Les pharmaciens disent passer beaucoup de temps à expliquer aux migrants comment prendre leurs médicaments, et 70 % des officinaux reconnaissent avoir des difficultés de dialogue avec eux. La plupart des pharmacies allemandes ont déjà été amenées à servir des migrants, certaines rarement, d’autres plusieurs fois par semaine, voire tous les jours pour 10 % d’entre elles.
Enfin, selon l’enquête, effectuée et publiée avant les attentats de Paris, les pharmaciens sont sceptiques sur les « opportunités » que représentent les migrants pour le système de santé allemand lui-même. Certes, la plupart des migrants sont jeunes et motivés à travailler, mais leur formation, leurs qualifications et leur niveau linguistique ne répondent pas forcément, selon la majorité des pharmaciens, aux besoins du secteur de santé.
Ils contredisent ainsi les propos du ministre de la Santé, Hermann Gröhe, qui y voit, lui, « une grande opportunité ». Les Ordres régionaux n’ont eu aucune demande de réfugiés désireux de travailler dans une pharmacie, y compris comme stagiaire, et ignorent combien de pharmaciens, mais aussi de préparateurs, font partie du flot de réfugiés arrivés cette année. Il y a toutefois quelques demandes de pharmaciens réfugiés pour exercer en Allemagne, mais il s’agit de confrères déjà arrivés depuis un certain temps, et non pas récemment.
Selon les Ordres régionaux, il faudra attendre au moins un an pour voir si l’intégration professionnelle des réfugiés s’observe aussi dans le monde de la santé, et notamment dans les pharmacies.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques