Dans certains cas, des infections aiguës par des pathogènes comme le virus respiratoire syncytial (VRS), celui de la rougeole, le parainfluenza ou le virus Ebola peuvent déboucher sur une infection chronique.
Jusqu’à présent, les mécanismes sous-tendant le passage d’une infection aiguë à une infection chronique demeuraient inconnus. De nouveaux résultats publiés dans « Nature Communication » pourraient aider à mieux comprendre comment le VRS peut, par exemple, provoquer une maladie respiratoire chronique, comment la rougeole peut évoluer en encéphalite, ou encore de quelle manière le virus Ebola peut être transmis par un patient que l’on pensait guéri.
Un bien étrange paradoxe
Au cours de l’infection, des portions de génomes viraux défectueux (appelés DVGs pour defective viral genomes) déclenchent une cascade de signalisation qui maintient les cellules infectées en vie. Ce phénomène avait déjà été observé dans des cultures cellulaires. « Mais la question que nous nous posions était de savoir comment, dans un même temps, les DVGs peuvent avoir un effet immunostimulant », résume le Pr Carolina López, de l’école universitaire de médecine vétérinaire de Pennsylvanie, et premier auteur de l’étude.
En 2013, l’équipe du Pr López avait montré que les DVGs jouaient un rôle critique dans la stimulation de la réponse immunitaire au virus chez la souris : si on les supprime, la sévérité de l’infection s’en trouve augmentée. En 2015, la même équipe montre que ce phénomène est également observé chez l’homme, confirmant au passage que la quantité de virus dans les prélèvements pulmonaires est corrélée à l’importance de la réponse immunitaire.
La voie du TNF détournée
Dans ce nouvel article, les chercheurs américains ont utilisé une technique de marquage moléculaire permettant de distinguer finement le génome viral complet du génome partiel que représente les DVGs. Ils ont étudié des cultures cellulaires infectées par le virus Sendai ou par le VRS. Certaines cellules étaient riches en DVGs et d’autres en étaient presque entièrement dépourvues. Ils ont en outre observé que les cellules riches en DVGs survivaient plus longtemps que celles qui en étaient dénuées.
Dans les cellules riches en DVGs, les auteurs ont observé une surproduction de protéines impliquées dans la voie de signalisation induite par le TNF et l’interféron,
ce qui explique une réponse immunitaire plus forte. Les auteurs ont
en outre montré que la protéine MAVS et le TNF receptor 2, également
activé, protègent la cellule de l’apoptose.
« Le TNF joue donc un double rôle au cours de l’infection, explique le Pr López. S’il se lie sur une cellule dont la voie de signalisation de la protéine MAVS n’est pas activée (comme c’est le cas des cellules infectées pauvres en DVGs), la cellule est éliminée. Dans le cas contraire, lorsque les DVGs activent la voie MAVS, la cellule survit », ajoute-t-elle.
La prochaine étape pour le Pr López et ses collègues consistera à exploiter ces voies de signalisation pour éviter que les virus ne s’appuient sur ce mécanisme pour persister dans l’organisme. Ils souhaitent également confirmer que ce phénomène est applicable à d’autres types de virus que les seuls VRS et virus Sendai.
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