Ce que nous mangeons est important pour notre santé mais aussi pour la planète. Cette composante environnementale est pourtant loin d'être une priorité pour la majorité des Français. Il est très difficile de mesurer l'empreinte environnementale globale d'un aliment, reconnaît Pierre Feillet, directeur de recherche émérite à l'INRA. « Elle est la somme des effets positifs ou négatifs de sa production, de sa commercialisation et de sa consommation. Mon ouvrage* ne donne pas de recettes diététiques, il prend en compte un ensemble de paramètres et compare les avantages et les inconvénients que chacun fait peser sur les bilans environnementaux en France. »
L'ensemble des activités qui précèdent l'arrivée des aliments dans nos assiettes est responsable de 20 à 25 % des émissions de gaz à effet de serre, d'environ 10 % des dépenses énergétiques, de plus de la moitié des émissions des gaz acidifiants et de près d'un quart des cas où la qualité de l'eau est insuffisante. Faut-il pour autant consommer moins de viande, se nourrir avec des aliments biologiques, boycotter les OGM, modifier nos achats alimentaires ? Les données moyennes disponibles peuvent cacher de grandes différences. Ainsi, un régime bien équilibré peut être plus pénalisant pour la planète qu'un régime de mauvaise qualité nutritionnelle. Les choix sont difficiles et les motivations parfois contradictoires. Il n'y a pas de solution univoque et universelle mais l'ingénieur agronome énonce dans son ouvrage certains faits qui vont à l'encontre de beaucoup d'idées reçues et remettent en question de solides arguments écologiques et des politiques de communication bien affûtées.
Un comportement écologiquement correct
C'est une évidence : sur un même étal, deux côtes d'agneau peuvent avoir des impacts très différents selon qu'elles proviennent d'un éleveur de proximité ou ont traversé la France en camion. Mais, privilégier les circuits courts ne signifie pas moins d'émissions de gaz à effet de serre : faire 10 km en voiture personnelle pour s'approvisionner à la ferme est un non-sens climatique, même si cette démarche a une valeur « sociale ». De même, dire qu'il faut réduire la consommation de viande pour économiser de l'eau est un argument à nuancer. On découvre avec surprise qu'il faut prélever deux fois plus d'eau pour produire des protéines de riz que pour produire des protéines de bœuf ; la production de ces dernières ne mobilise pas plus d'eau que celles de pain ou de pâtes. Est-on tout à fait sûr que les produits bio protègent la planète ? Tout dépend des critères retenus. Trois paramètres ne prêchent pas en faveur de la « durabilité » des aliments biologiques : des rendements inférieurs, donc une occupation des sols plus grande pour produire la même quantité de nourriture, un impact négatif sur la capacité des agriculteurs à nourrir le monde et des prix élevés.
Même exercice pour les plantes génétiquement modifiées (PGM). Elles sont l'objet de nombreuses controverses portant sur leurs impacts environnementaux liés à leur expansion, mais chaque PGM est un cas particulier. En résumé, les études menées donnent l'avantage aux PGM pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la diminution des quantités d'insecticides dispersés dans l'écosystème. En revanche, l'avantage revient aux plantes conventionnelles pour une moindre dispersion d'herbicides et le respect de la biodiversité.
Moins gaspiller la nourriture
Jeter ou gaspiller la nourriture n'est pas seulement une provocation pour tous ceux qui ne mangent pas à leur faim et un gâchis économique. C'est aussi un important gaspillage d'énergie et une atteinte inutile aux ressources naturelles et à l'utilisation des sols. Les effets sur le réchauffement climatique et l'usage de l'eau sont importants. Selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), les familles françaises gaspillent 20 à 30 kg d'aliments par an et par personne (liquides non compris). Ce sont principalement des légumes, des fruits, du pain, des produits laitiers, soit environ 5 % de leurs achats. Aujourd'hui, la majorité des Français vivent dans les villes et leurs déchets alimentaires partent dans des poubelles et sont, au mieux, transformés en méthane et parfois en compost. « Ce qui est jeté est définitivement exclu du circuit alimentaire : le simple bon sens sanitaire s'oppose à tout recyclage des déchets de nos poubelles pour les transformer en aliments, constate le rapporteur. Nous sommes tous pour partie responsables de ce gâchis environnemental et nous pouvons apporter notre petite contribution pour le réduire. »
Plusieurs causes sont à l'origine de ce gaspillage : la destruction d'excédents de production, le rejet de fruits et de légumes mal calibrés ou d'aliments ayant dépassé la date limite de consommation, les assiettes encore pleines des cantines scolaires ou de la restauration collective… Bien gérer ses achats et leur conservation est sans doute le meilleur moyen d'éviter ce gaspillage. Il faut aussi apprendre à cuisiner les « bas morceaux » et à accommoder les restes, réduire la taille des portions, apprendre aux enfants à ne pas gaspiller. L'un des plus puissants leviers pour éviter ce gaspillage et protéger la planète est de savoir se nourrir sainement, sans excès, d'autant plus que le trop manger conduit à l'obésité.
* - Comment bien se nourrir en respectant la planète et notre santé ? 10 questions à Pierre Feillet ; Edp sciences.
D'après une conférence de l'Académie des Technologies.
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