« Le choc toxique menstruel est une maladie qui avait quasiment disparu et qu'on voit réapparaître depuis les années 2000 », explique le Pr Gérard Lina, responsable du Centre national de référence des staphylocoques des Hospices civils de Lyon (HCL). Le nombre de cas est en effet passé de 1 en 1994 à 5 en 2004 et à plus de 20 cas en 2014. « La maladie peut survenir au cours des règles, lors de l'utilisation de protections périodiques intravaginales (tampons, coupes menstruelles) chez des femmes porteuses de la bactérie Staphylococcus aureus dans leur flore vaginale. Elle touche le plus souvent des patientes jeunes et en bonne santé », précise-t-il.
Le flux menstruel entre en contact avec les bactéries de la flore vaginale. « S'il est bloqué du fait d'une protection intravaginale, le flux menstruel devient un milieu de culture pour les bactéries, poursuit le médecin. Si le staphylocoque est présent, il peut se multiplier et, à partir d'une certaine concentration, se mettre à produire la toxine TSST-1 au niveau vaginal. La toxine va passer dans la circulation sanguine et provoquer le syndrome de choc toxique. » Ce syndrome inflammatoire ressemble à un choc septique, mais il n'y a aucune bactérie dans le sang, ce qui complique le diagnostic. « Le médecin n'y pense pas forcément », regrette le Pr Lina. Elle est pourtant très sévère et 80 % des jeunes femmes touchées finissent en réanimation.
Les symptômes qui doivent alerter sont une fièvre soudaine (38,9 °C ou plus), une sensation de malaise, des céphalées, des vomissements, une diarrhée, ainsi qu'une éruption cutanée ressemblant à un coup de soleil. Lorsque les premiers symptômes apparaissent, il faut immédiatement retirer le dispositif vaginal et consulter en urgence. L'état de la patiente peut se dégrader très rapidement : baisse de la tension, confusion cérébrale, défaillances d'organes (souffrance rénale, hépatique), nécrose, etc.
C'est ce qui est arrivé à Justine lorsqu'elle avait 23 ans. « Ça a commencé par un mal de tête. Je n'étais pas bien, j'avais des douleurs au niveau du ventre dans la soirée. Dans la nuit, j'ai commencé à vomir. C'était comme une grosse gastro… », raconte-t-elle. Lorsque sa mère, inquiète de sa fièvre, montée jusqu'à 41 °C, appelle le SAMU, « ils lui ont ri au nez en disant que c'était une gastro et qu'il fallait que je me repose », se souvient Justine. Le lendemain, déshydratée, souffrant de pertes de connaissance et confusion, elle consulte un médecin généraliste et finit aux urgences à l'hôpital. D'abord isolée en quarantaine, faute de savoir de quoi elle souffre. Au bout d'une semaine, elle rentre chez ses parents et dit avoir mis 6 mois à pouvoir marcher jusqu'à la boîte aux lettres et environ un an à guérir.
Envoyez vos tampons !
La jeune femme, psychanalyste, membre de la Fédération de psychanalyse contemporaine, a pu bénéficier du soutien de ses confrères. « On se sent vraiment seul, car il n'y a pas beaucoup d'informations sur la maladie », poursuit-elle.
Les causes de la maladie continuent d'intriguer les chercheurs : modification de la composition des tampons, port trop prolongé du dispositif, évolution de la flore vaginale avec le mode de vie ? « C'est multifactoriel et nous avons donc besoin d'un grand nombre de tampons afin de les analyser pour mieux comprendre la maladie. Il nous en faut au moins 1 000 pour avoir un échantillon représentatif », indique le Pr Lina. Le Centre national de référence (CNR) des staphylocoques a donc lancé une collecte de tampons usagés qui s'adresse à toutes les femmes en France.
Pour participer et recevoir un kit de prélèvement, il suffit d'envoyer un mail au Pr Lina : gerard.lina@univ-lyon1.fr
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques