Élevage et génétique

Clones tristes

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Publié le 07/12/2015

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C’est une véritable révolution de l’élevage bovin que projette le scientifique et homme d’affaires chinois Xu Xiaochun. Son entreprise, Boyalife, construit actuellement à Tianjin, en Chine, la plus grande usine de clonage du monde capable de produire près de 100 000 embryons bovins par an. De quoi reléguer notre « ferme aux mille vaches » au rang de petite exploitation familiale… L’objectif premier de la méga-ferme est de satisfaire à l’énorme et croissante demande en viande de bœuf du marché chinois. Quel goût aura l’entrecôte de bœuf cloné ? Pour la FDA américaine, le même que celle issue d’un taureau et d’une vache. Un avis pas partagé par le Parlement européen qui ne délivre pas de « passeport pour l’assiette » et souhaite interdire le clonage d’animaux à des fins agricoles.

Quant à l’atteinte possible à la biodiversité, les cloneurs de vaches s’en défendent et promettent d’héberger à Tianjin une banque de gènes qui stockera jusqu’à cinq millions d’échantillons de cellules congelés. Avec son associé sud-coréen Sooam, Boyalife ne s’en tiendra pas à la boucherie industrielle. Il envisage en effet d’autres clones produits à la chaîne, tels des chevaux de course pur-sang et autres chiens policiers renifleurs. Et même de ressusciter le mammouth laineux à partir de cellules conservées dans le permafrost depuis plusieurs milliers d’années.

Plus inquiétant, l’entreprise ambitionne également la duplication à gogo de singes utilisés dans la recherche médicale. Là, la vache qui rit ne rit plus du tout… Car les différences génétiques entre les primates et l’Homme sont bien minces… et les ambitions de Xu Xiaochun clairement affichées. « La technologie est déjà là (...) Si cela est autorisé, je ne pense pas qu’il y ait une meilleure entreprise que Boyalife, disposant d’une technologie supérieure », confie-t-il, tout en jurant ses grands dieux qu’il ne mène actuellement aucune activité de clonage humain. De la côte de bœuf à la côte d’Adam, combien de temps l’industriel résistera-t-il à la tentation ?

Avec l’AFP.

Didier Doukhan