Le Quotidien du pharmacien. – Au comptoir, quelle est la première question que l'on doit se poser face à un enfant qui souffre ?
Chantal Duflot.– La toute première étape est celle de l'évaluation de la douleur. Elle permettra d'adapter son conseil. Lorsque l'enfant est trop petit pour exprimer ce qu'il ressent, cela pose évidemment problème. Il faut alors observer son comportement ou questionner l'adulte à ce sujet, afin de repérer les symptômes de la douleur : un bébé qui a mal va tout d'abord pleurer puis entrer dans un état de prostration où il se renferme sur lui-même et coupe toute communication avec l'extérieur. Les mimiques douloureuses, un sommeil perturbé, des yeux fermés sont aussi à prendre en considération. Chez les enfants en âge de s'exprimer, on peut utiliser une échelle d'évaluation composée de cinq masques représentant les différents niveaux de douleurs et lui demander de désigner celui qui le représente le mieux.
Quel traitement proposer une fois la douleur évaluée ?
On aura toujours recours aux antalgiques de pallier I qui peuvent être délivrés sans prescription médicale. Le paracétamol est le plus sûr des antalgiques OTC si les doses préconisées sont bien respectées. Il doit être administré à raison de 60 mg/kg/24 heures répartis en trois ou quatre prises par jour en respectant un intervalle de 6 heures entre deux prises soit 15 mg/kg quatre fois par jour. Les AINS sont moins utilisés en France même s'ils possèdent un pouvoir analgésique plus important. Parmi eux, l'ibuprofène fait référence devant le kétoprofène, l'aspirine étant plutôt utilisée dans le champ de la rhumatologie pour enfant qui ne relève pas du conseil. Le dosage de l'ibuprofène ne doit pas dépasser 30 mg/kg/24 heures répartis en trois ou quatre prises espacées de six heures chacune. Il ne doit pas être conseillé en cas de varicelle et nécessitera une utilisation prudente si l'enfant fait l'objet d'une infection respiratoire (principe de précaution). De même, si l'enfant présente un risque de déshydratation (diarrhée), il devra être réhydraté avant que l'AINS ne lui soit administré.
Paracétamol et ibuprofène peuvent parfaitement être associés dans le traitement de la douleur mais il faudra bien insister sur le respect des doses et leur répartition au cours de la journée. Ce n'est pas toujours évident car, si les deux molécules sont souvent proposées sous forme de sirop facile à administrer, les pipettes qui accompagnent les flacons présentent des systèmes de graduation différents, certains gradués en millilitres, d'autres en kilogrammes. N'hésitez pas à sortir la pipette de la boîte pour expliquer comment l'utiliser selon le poids de l'enfant.
Que conseiller face aux douleurs du tout-petit ?
En cas de poussées dentaires, le paracétamol est l'antalgique de première intention. On peut lui associer un gel gingival décongestionnant et un anneau dentaire réfrigéré ou pas. Les préparations homéopathiques prêtes à l'emploi constituent une alternative aux antalgiques tout comme les souches unitaires de type Belladonna, celle-ci pouvant être conseillée s'il y a une fièvre associée à la poussée dentaire. Les maux de ventre ou coliques du nourrisson, pour leur part, trouveront une réponse dans les associations de plantes comme la fleur d'oranger, le tilleul, le fenouil, présentées sous forme de sirop. Si le bébé est allaité, on conseillera à la maman de boire une tisane à base de fenouil.
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