TOUT EST parti d’un constat. Voici une dizaine d’années, des équipes avaient constaté que des patients ayant reçu des injections de toxine botulinique, dans un but cosmétique, étaient soulagés de leur migraine. Les résultats étaient inconstants, selon les équipes, selon les patients... Une étude dédiée à la vérification de ce lien semblait nécessaire. Ce qu’ont réalisé Christine C. Kim (Boston) et coll. Les médecins américains confirment cet effet collatéral et, surtout, précisent les types de migraines susceptibles d’être soulagées.
L’équipe a donc recruté 18 patients consultant pour un traitement de rides par toxine botulinique, atteints de migraines. Les participants devaient, en s’inspirant de dessins très évocateurs, décrire s’ils ressentaient des céphalées à type « d’explosion » (ma tête semble exploser), « d’implosion » (quelque chose me comprime le crâne, quelqu’un me plante des aiguilles) ou « oculaire » (mon œil sort de ma tête). Ils avaient de 26 à 80 ans (moyenne : 50,9 ans). La dose moyenne de toxine à visée cosmétique injectée par séance était de 45,7 U (de 16 à 78 U).
Trois mois après le traitement.
C. Kim et coll. constatent que les patients dont la migraine était de type implosif ou oculaire ont été soulagés par le traitement, bien plus que ceux à la forme explosive. Plus précisément, trois mois après le traitement, 13 patients rapportaient une diminution de la migraine, 10 d’entre eux correspondaient aux modes implosif et oculaire, 3 au mode explosif. En revanche, tous les non-répondeurs avaient décrit des migraines explosives. L’amélioration s’est portée sur la fréquence des accès, passant de 6,8 jours par mois à 0,7. Le mode oculaire faisant diminuer de 4,1 jours par mois à 0,6, les céphalées implosives de 11,4 jours à 9,4 par mois.
L’explication de cet effet thérapeutique surprenant n’est pas claire. Les auteurs rappellent que la toxine botulinique de type A réalise une paralysie musculaire en inhibant la libération d’acétylcholine présynaptique au niveau de la jonction neuro-musculaire. Il est probable que la toxine agit sur les voies de signalisation à la fois centrales et périphériques du système nerveux central. Peut-être la toxine bloque-t-elle la douleur par une inhibition directe des nocicepteurs périphériques ou par une voie indirecte anti-inflammatoire.
Au cours de l’essai, pour des raisons de sécurité, les doses injectées dans la partie supérieure du visage n’étaient pas optimales, elles ont été pourtant efficaces. En effet, un essai mené en 2006, visant pour sa part une action anti?migraineuse exclusive avait utilisé des doses plus élevées.
Ces résultats, que les médecins jugent « intrigants », méritent d’être confirmés par d’autres études. Ils rappellent que les données négatives rapportées dans d’autres travaux sont probablement le fait d’un amalgame des diverses formes de migraines. Ils suggèrent donc que les travaux à venir classent les patients selon leur type de migraine afin d’évaluer précisément les résultats.
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