Le processus inflammatoire lié à l’athérosclérose est un phénomène peu étudié. C’est pourtant un axe de recherche qui passionne depuis plusieurs années Stéphane Potteaux, du centre de recherche cardiovasculaire de l’hôpital européen Georges Pompidou.
« Il existe trois phases dans l’inflammation, rappelle-t-elle, les deux premières mobilisent des neutrophiles puis des monocytes inflammatoires, tandis que la phase de réparation mobilise les macrophages M2 et prépare une future réponse adaptative. Chez les patients en situation d’hypercholestérolémie, l’inflammation est entretenue et sa résolution est bloquée. On a alors une accumulation de monocytes et de macrophages dans les plaques d’athérosclérose. »
Détournement de l'inflammation
Dans la poursuite de ses travaux sur l’inflammation et l’athérosclérose, Stéphane Potteaux s’est intéressée aux relations qui pourraient exister entre athérosclérose et réponse inflammatoire contre certains cancers. Cette nouvelle thématique de recherche lui a valu récemment l’octroi d’une bourse de 50 000 euros sur 2 ans par la fondation ARC dédiée à la lutte contre le cancer. C’est dans le cadre d’une rencontre avec les donateurs de l’ARC que le « Quotidien » a rencontré la chercheuse.
« On ne sait pas exactement comment la tumeur détourne le processus inflammatoire, poursuit Stéphane Potteaux, mais elle déverse des cytokines qui vont inhiber les macrophages pro-inflammatoires et favoriser les macrophages M2, lesquels vont déverser des métalloprotéases, des interleukines 10, des TGL bêta et des facteurs de croissance cellulaire pour faciliter la cicatrisation et donc la croissance de la tumeur ». Les M2 ont en outre le pouvoir d’éteindre le rôle inflammatoire des lymphocytes, et donc la réponse dirigée contre les cellules tumorales.
Dans le cadre de son projet de recherche, Stéphane Potteaux travaille sur des modèles de souris génétiquement vulnérables à l’athérosclérose. Après 15 jours de régime alimentaire riche en graisse, les rongeurs se voient injecter des cellules tumorales. Comparés à des souris ayant eu un régime alimentaire normal, ces souris avaient des tumeurs plus grosses, une hausse du cholestérol plasmatique au-dessus de 2g/L, et une augmentation des taux sanguins de monocytes inflammatoires et non-inflammatoires.
Les macrophages M2 s'imposent
En regardant directement dans la tumeur, les chercheurs ont constaté une absence de différence en termes de concentration en lymphocytes T. Il y avait en revanche davantage de cellules spécialisées dans la suppression de l’inflammation et la cicatrisation dans les tumeurs des souris soumises à un régime athérogène que dans celles des souris témoins. Les cellules myéloïdes suppressives passent ainsi de 8 % à 24 % des neutrophiles alors que les cellules NK, chargées de la destruction des cellules tumorales passent de 4 à 1 %. Ces résultats, non encore publiés, doivent être confirmés. Une nouvelle étape du travail a consisté à prélever des leucocytes dans les tumeurs des souris pour les mettre en contact avec les cellules tumorales. « On assiste à une baisse des sécrétions des interleukines 6 et des TNF alpha dans les surnageants provenant de la tumeur des souris avec un régime gras, et une absence d’inhibition de la tumeur », résume Stéphane Potteaux
À terme, les chercheurs espèrent bloquer l’entrée des macrophages M2 dans les tumeurs voire rééduquer celles qui sont déjà présentes pour en faire des cellules pro-inflammatoires.
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