Selon des travaux de l’INSERM et de l’université de Paris, dioxine, PCB et autres polluants pourraient favoriser le développement de métastases du cancer du sein, particulièrement chez la femme en surpoids.
S’accumulant dans la chaîne alimentaire, les polluants organiques persistants (POPs) (environnementaux perturbateurs endocriniens et/ou carcinogènes) ont fait l’objet de plusieurs études portant sur leur implication dans le cancer du sein. En revanche, pour la première fois, des scientifiques font la corrélation entre ces POPs et le taux d’agressivité des cancers, mesuré par la présence de métastases à distance de la tumeur d’origine.
Les travaux du laboratoire « Toxicité environnementale, cibles thérapeutiques, signalisation cellulaire et biomarqueurs » (INSERM/Université de Paris) publiés dans l’édition de novembre 2019 de la revue « Environment international » ont porté sur la concentration de 49 POPs, y compris la dioxine de Seveso, et de plusieurs PCB dans des échantillons de graisse environnant le cancer du sein de 91 femmes. Dans tous les cas, la concentration en dioxine et en PCB est associée à la taille de la tumeur ainsi qu’au niveau d’invasion et au stade métastatique des ganglions lymphatiques. Plus la concentration de PCB est élevée et plus les femmes présentent un risque de récidive de cancer du sein. De même, la corrélation entre la concentration de POPs dans le tissu adipeux et l’agressivité du tissu adipeux est avérée. Ceci particulièrement chez les femmes en surpoids (IMC > 25) où l’association entre la concentration de dioxine dans le tissu adipeux et la présence de métastases distantes est mise en évidence par l’analyse biologique et statistique.
Les POPs sont en effet « très lipophiles et se stockent par conséquent dans le tissu adipeux », notent les chercheurs qui émettent entre autres hypothèses que « la dioxine et certains PCB enverraient un signal qui favoriserait la migration des cellules tumorales et renforcerait ainsi l’agressivité du cancer ».
Xavier Coumoul en explique le processus : « les adipocytes, les cellules du tissu adipeux qui stockent les graisses, jouent un rôle important en tant que cellules associées dans le développement du cancer du sein. En effet, le tissu adipeux fonctionne comme une glande ʺendocrineʺ, sécrétant des hormones dans la circulation sanguine, et nous avions précédemment montré que les POPs étaient responsables d’une inflammation de ce tissu adipeux changeant la nature et le comportement des adipocytes. La sécrétion excessive de molécules inflammatoires et le relargage des POPs stockés par ces adipocytes, pourraient alors favoriser la formation de métastases. »
A noter que le taux de survie à 5 ans du diagnostic n’est que de 26 % quand des métastases sont décelées, alors qu’il est de 99 % si le cancer touche uniquement le sein et de 85 % si seuls les ganglions lymphatiques sont également touchés.
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