ON A RELATÉ, au cours d’une précédente saga, l’étonnante romance qui a présidé aux destinées du laboratoire Mayoly Spindler. Dans le Paris des années folles, un jeune pharmacien exerce en plein XVIe arrondissement, place Victor-Hugo, dans sa propre officine. À ses côtés, son épouse, pharmacienne de profession, partage son labeur quotidien. Ensemble, ils forment le couple Mayoly Spindler qui donnera lieu au laboratoire de renom que l’on connaît. Ensemble, également, ils vont jeter les premières pierres d’un édifice qui marquera l’épopée de l’industrie pharmaceutique française. Les marques qui accompagnent la naissance du laboratoire existent toujours aujourd’hui. Elles sont au nombre de quatre : Euphon signe des gouttes et un sirop contre la toux et l’aphonie ; le Baume Aroma a vocation antidouleur ; Pérubore est un antiseptique et un décongestionnant des voies respiratoires ; Borostyrol, enfin, vient parfaire le quatuor. La marque, dont le nom s’inspire d’un composant chimique, abrite trois présentations aux indications multiples. Fidèles à l’inclination dont témoigne Gaston Mayoly pour la phytothérapie, les formules sont essentiellement composées à base de plantes : le thymol aux propriétés antiseptiques, le menthol au pouvoir antiseptique et anesthésiant et le salol, analgésique, antipyrétique et cicatrisant. Des actifs que véhiculent trois formes pharmaceutiques différentes. Un « soluté alcoolique » dont l’acide borique et le benjoin viennent renforcer les vertus antiseptiques et cicatrisantes. Son champ d’action, très large, comprend la stomatologie - et plus précisément le traitement des gingivites, parodontopathies, plaies par appareil de prothèse et aphtes - ainsi que la médecine générale pour tout ce qui a trait à la désinfection des plaies et aux piqûres d’insectes.
Champ d’action.
Deux présentations viennent seconder le « soluté ». Une huile contenant de l’huile d’olive se consacre aux brûlures superficielles étendues, aux érythèmes solaires, aux escarres et aux ulcères. Enrichie en vaseline, lanoline et huile d’olive, une pommade traite les cas de crevasses, gerçures, brûlures, érythème solaire, escarres et ulcères. À la toute fin des années 1920, aux premières heures du laboratoire Mayoly Spindler, la jeune ligne Borostyrol est lancée. Le public s’en empare rapidement et d’autant plus facilement que les formules, qui présentent des propriétés semblables, peuvent agir en synergie. L’utilisation que les patients en font est pourtant bien distincte. Le « soluté » est communément employé pour soulager aphtes et piqûres d’insectes ; l’huile est plébiscitée pour son effet sur les coups de soleil et l’on s’en remet à la pommade dès qu’il faut traiter brûlures, plaies de la bouche et même les hémorroïdes ! Une liste bien modeste en regard des applications multiples dont font état les étiquettes qui agrémentent les différentes présentations de Borostyrol. Sa vocation gynécologique n’est ainsi pas des moindres puisque les crevasses du sein, plaies obstétricales, les vulvites, vaginites, métrites et ulcérations du col sont prises en charge par le « soluté » et la pommade.
Les « formules miracles » reçoivent leur visa en 1943 et vont œuvrer pour le bien de la communauté durant plusieurs décennies. Une seule, pourtant, portera le nom de Borostyrol au-delà du seuil du troisième millénaire. En 1980, la commercialisation de l’huile est arrêtée, suivie plusieurs années après par la pommade qui, sous la forme d’une crème, poursuivra tout de même sa mission jusqu’en 2004. Le « soluté alcoolique », entre-temps devenu une solution pour application locale conditionnée en flacons de 30 millilitres, devient l’unique porteur du flambeau de la marque. Parallèlement, le dispositif s’est recentré sur ses indications phare, le traitement des aphtes, des gingivites, des parodontopathies et celui des blessures légères par appareils de prothèse. Le soulagement des piqûres d’insectes demeure, néanmoins, au menu de ses compétences. Mais bien des rebondissements attendent encore la formule historique.
Seconde vie.
Pour les marques centenaires, peu ou prou, la faculté d’adaptation est incontournable. Borostyrol n’en a pas manqué lors de son repositionnement sur le marché du traitement des aphtes. En 2012, celui-ci est divisé en trois segments distincts : un versant historique constitué de médicaments non remboursés occupe une part majoritaire des ventes (60 %) mais montre les signes d’une évidente stagnation. Plus récent, le segment des dispositifs médicaux sans acide hyaluronique est le plus modeste du marché (10 %) et subit de fortes baisses. En revanche, le nouveau visage du marché, composé de formules à base d’acide hyaluronique, connaît une progression significative de 12 % et représente déjà près de 30 % des ventes. Pour répondre au mieux aux attentes des consommateurs, c’est ce segment que Borostyrol décide d’investir. Mais pour ce faire, il faut opérer une transformation radicale. De fond et de forme. La solution cesse donc d’exister… Pour renaître sous l’aspect d’un gel. Une formule dotée d’un nouveau statut et d’une nouvelle composition… Dont l’indication reste inchangée, vouée à traiter aphtes, gingivites et autres lésions bénignes de la bouche. Borostyrol gel buccal est désormais un dispositif médical de classe II élaboré à base d’acide hyaluronique de bas poids moléculaire dosé à 0,5 %. Présent à l’état naturel dans le corps humain, l’acide hyaluronique est un composant endogène du tissu conjonctif et de l’humeur vitrée de l’œil, des cartilages, du liquide synovial articulaire et du cordon ombilical. C’est un polysaccharide de poids moléculaire variable, formant un gel plus ou moins visqueux selon sa concentration. Ses propriétés ont plus d’un intérêt dans le traitement des petites plaies buccales : ses capacités muco-adhésives lui permettent d’agir comme un film protecteur capable d’isoler la lésion, par effet barrière, des agents irritants extérieurs. Son pouvoir hygroscopique maintient le degré d’hydratation de la zone lésée sans l’étouffer puisqu’il n’est pas occlusif. Borostyrol gel buccal peut ainsi répondre aux deux attentes les plus pressantes du patient. La douleur ou la gêne provoquée par l’aphte se trouve soulagée par l’effet « pansement » du film protecteur ; la cicatrisation des tissus est favorisée par l’action locale du gel qui contribue à hydrater les tissus.
Par l’innovation de son procédé d’action, Borostyrol a remporté un pari de tout premier ordre, celui de la continuité, dispensant son efficacité à travers les âges.
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