En cette période hivernale, François Couchouron a décidé de bannir la pseudo-éphédrine de son rayon conseil. Il en informe ses patients via une affiche apposée sur son comptoir et la porte de son officine.
Un rhume vaut-il la peine d’encourir un accident cardiovasculaire ? Ou plutôt son traitement par un produit contenant de la pseudo-éphédrine mérite-t-il une hospitalisation ? C’est la question que pose François Couchouron, titulaire bordelais, sur la porte de son officine d’un quartier populaire de Bordeaux, et sur son comptoir.
« Il n’est bien entendu pas question de refuser ces produits s’ils sont prescrits. Mais je ne les ai pas en médicaments conseils et si mes patients, sensibilisés par la publicité, m’en demandent, je leur dis que je n'en ai pas en leur expliquant les risques et leur conseille des alternatives », expose clairement le pharmacien. Pour lui, cette démarche relève de la santé publique. « Nous ne pouvons pas laisser des personnes âgées, des personnes polymédiquées, particulièrement quand nous connaissons leurs antécédents coronariens, et même des patients jeunes et en bonne santé, traiter un rhume avec de la pseudo-éphédrine », s’insurge le pharmacien.
La décision de François Couchouron repose, explique-t-il, sur la littérature et les données, nombreuses, sur la question, mais aussi sur des exemples qu'il a lui même connus au cours de sa carrière professionnelle. Il rapporte ainsi plusieurs cas graves de patients hospitalisés en urgence après avoir pris ce principe actif. Il déplore que ces conséquences soient rarement signalées en pharmacovigilance par les médecins et les pharmaciens. Il rappelle cependant « qu’un rapport de la commission nationale de pharmacovigilance, daté de mars 2008, met en garde contre les nombreux effets indésirables de la pseudo-éphédrine. Il s’agit notamment d’effets cardiovasculaires et neurologiques centraux qui, s’ils sont relativement rares, sont graves et nécessitent une hospitalisation. Ces effets sont peu acceptables et à mettre en balance avec l’aspect bénin de la pathologie traitée, le rhume ».
Le titulaire de la pharmacie du Lac ne craint pas les répercussions commerciales et économiques de son initiative. Il estime que la profession doit rompre avec la routine et les systématismes. Elle doit sortir de sa réserve, prendre position et jouer son rôle de conseil. La seule manière, affirme-t-il, « de défendre son rôle et de prendre la place qui lui revient dans le parcours de soins ». Le seul moyen, aussi, à ses yeux, de défendre le monopole officinal.
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