APRÈS les années fastes que le marché de la contention a pu connaître, la progression de près de 4 % enregistrée cette année par le secteur paraît bien modeste. On se souvient d’envolées atteignant jusqu’à 25 % d’augmentation des ventes en 2006 ou 2007. Des résultats impressionnants auxquels auraient contribué les différentes vagues de déremboursement touchant les veinotoniques. Mais la vérité est aussi ailleurs. « L’insuffisance veineuse a bénéficié d’une communication importante de la part des fabricants, avec une forte présence en visite médicale et un réel effort en terme d’offre, les produits ayant vraiment gagné en esthétique, explique Noëlle Oréac, chef produit Radiante. La compression médicale a alors fait l’objet de plus de prescriptions en devenant également un moyen de prévention des problèmes veineux. Bref, l’insuffisance veineuse a fait parler d’elle et beaucoup de patient se sont sentis concernés par ce problème. »
Thérapeutiques et esthétiques.
Radiante, auteur des gammes Radiante et Jobst, présente une offre de produits de série mais se distingue dans le domaine du sur-mesure. Ce segment bien particulier de la compression répond aux besoins des patients en insuffisance veineuse présentant des morphologies hors normes, qu’il s’agisse d’enfants, de personnes en surpoids ou atteintes de déformation (lymphœdème). Les modèles proposés se déclinent en gants/mitaines et manchons pour les membres supérieurs, en bas classiques et dispositifs spécifiques (pieds ouverts, collants maternité, collant une jambe, collant ultraconfort…) pour les membres inférieurs. Le fabriquant propose également une offre en mesure adaptée afin de permettre aux patients de porter des produits de série répondant à leur morphologie atypique. Celle-ci vient s’ajouter à une offre dite de série représentée par deux marques : Radiante propose un large choix de bas (Voile invisible, Micro voile, Voile de soie…) au positionnement haut de gamme ; Jobst répond à des besoins plus basiques en termes de bas jarret et bas cuisse antiglisse de classes 2 et 3 (sur une échelle de pression allant de la classe 1, la plus légère, à la classe 4, la plus forte).
Thuasne est également présent sur les segments de la série et du sur-mesure. Chaussettes, bas-cuisses et collants de classes 1 et 2 sont disponibles au gré de quatre gammes Venoflex pour femmes répondant à différents positionnements : transparence pour la ligne Incognito, confort pour la ligne Kokoon, effet semi-opaque pour Secret, et aisance pour Simply City. Les hommes se voient réserver la gamme de chaussettes et bas-cuisses City, aux côtés de dispositifs anti-stase mixtes (Clinic). L’offre sur-mesure propose, quant à elle, des produits de la classes 2 à la classe 4 sans coutures (chaussettes, bas-cuisses, collants, hémicollants).
D’autres acteurs sont présents en pharmacie : la gamme Varisan (Cizeta Medicali) référence des bas de classe 1 et 2 (Ethéré, Micro-coton, Losange, compression dégressive ATE), des mi-bas (Elle & Lui, Soie) et un enfile-bas ; Pierre Fabre Santé propose des collants, bas et mi-bas de classes 1 à 3 sous la marque Veinostim qui s’adresse à la femme (Déesse, Caresse) comme à l’homme. Scholl Pharma, pour sa part, se consacre au segment du maintien à l’aide de deux lignes, Confort, qui assure un soutien léger au moyen d’une référence (collant Vitalité), et Antifatigue, qui propose un soutien tonique de la jambe grâce à un large choix de mi-bas, bas et collants (Finesse, Tentation, Perfection).
En parler plus.
Bien que l’insuffisance veineuse ait fait parler d’elle en son temps, d’importants efforts sont encore à fournir en matière de connaissance de la maladie. C’est un des enseignements apportés par l’étude IPSOS que l’institut a récemment réalisée pour la marque Sigvaris. Ainsi, 60 % des interviewés déclarent souffrir d’au moins un trouble consécutif à l’insuffisance veineuse, sans pour autant faire le lien avec la maladie. Celle-ci reste méconnue de presque la moitié des personnes interrogées. En toute logique, les consultations dans le cadre de problèmes veineux sont très tardives et interviennent pour la plupart une fois la pathologie installée. Alors, seulement, le volet thérapeutique peut se mettre en place. Reconnus comme traitements de première intention de l’insuffisance veineuse, les dispositifs médicaux de compression font, selon les médecins interviewés, l’objet de prescriptions fréquentes. Leur action par pression dégressive sur les membres inférieurs facilite le retour du sang vers le cœur en réduisant le calibre des veines et en suppléant au fonctionnement des valvules. Encore faut-il les porter, ce à quoi la plupart des personnes interrogées ne semblent pas s’opposer.
Toutes les conditions semblent donc réunies pour faire du marché de la contention un secteur dynamique. D’autant que les leviers sont en place : le potentiel de la demande est conséquent ; les veinotoniques sont aujourd’hui totalement déremboursés ; les prescripteurs de dispositifs de compression sont multiples (phlébologue et angiologue, médecin généraliste, gynécologue, sage-femme, kinésithérapeute) ; le nombre de prescriptions par semestre n’est pas limité. Sans parler de la demande potentielle qui est imposante, notamment en terme de prévention : personnes debout toute la journée, qui voyagent souvent, femmes enceintes. Une cible jeune qui ne se sent pas forcément concernée par l’insuffisance veineuse. Et que dire des efforts faits par les fabricants pour développer leur offre et gommer les aspects contraignants de la contention, sinon qu’ils sont considérables ? Comment expliquer alors que la progression des ventes du circuit pharmaceutique soit en berne ? « Les éléments conjoncturels et économiques font, tout d’abord, un arbitrage naturel. Ensuite, nous observons une présence en visite médicale qui diminue, avec un désengagement de certains acteurs, remarque Isabelle Chevalier, secrétaire générale chez Ganzoni. Nous sommes moins nombreux à parler de la maladie veineuse aujourd’hui, notamment suite au déremboursement des veinotoniques. Malgré le potentiel du marché qui est important, les prescriptions sont restées stables par rapport à l’année dernière. »
Améliorer l’observance.
Le marché conserve cependant un certain dynamisme notamment en terme d’innovation, comme le souligne Isabelle Chevalier en citant le dernier lancement Sigvaris, une ligne spécialisée dans la compression médicale de classe 3. La gamme Expert entend ainsi favoriser l’observance en misant sur la facilité d’enfilage et le confort de ses références, un véritable enjeu pour les patients concernés par un niveau de classe 3 qui présentent généralement une pathologie lourde et doivent se traiter à vie. Le reste de l’offre Sigvaris couvre les besoins en compression de la classe 1 à la classe 4. La gamme féminine se décline en bas autofixants (Diaphane, Éclat, Audace, Opalis, Attrait), collants (Diaphane, Opalis, Audace) et chaussettes (Soyance, Attrait, Bambou, Diaphane, Éclat, Opalis). L’offre Sigvaris au masculin se conjugue en un large choix de chaussettes (Graphik, Urban, Club, Bambou, Coton, Laine), ainsi que deux modèles de bas-autofixants. En complément, on trouve des articles accompagnant la contention (semelle veineuse, enfile-bas) et une gamme consacrée au maintien pour l’homme et la femme (Delilah, Inneo, Traveno).
L’observance est aussi une priorité pour au moins deux des acteurs du marché. Gibaud a développé la gamme Lumière by Venactif dans ce sens. Destinée aux femmes, celle-ci tient compte de 3 critères essentiels, l’efficacité thérapeutique, l’esthétique et le confort, et se compose de bas et mi-bas de classe 2. Sous la marque Venactif, on trouve une offre large faite de gammes complémentaires : Reflet de teint, Douceur, Secret de nature et Charme côté femme, la ligne Venactif Confort répondant aux besoins des hommes au quotidien avec des produits associant coton et microfibre. Des produits spécifiques postopératoires et une confection sur-mesure sont également mis en œuvre. Innothéra, pour sa part, dédie la nouvelle gamme Actyf 25 à la compression de classe 3. L’auteur des gammes Varisma et Legger, a misé sur la facilité d’enfilage et de retrait, le confort et l’esthétique (présence de motifs) pour concevoir ses bas et mi-bas de dernière génération.
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