BACTEROIDES FRAGILIS pourrait être moins inoffensive que son petit nom ne le laisse présager. Cette bactérie commensale, responsable dans sa forme entérotoxinogène d’un syndrome diarrhéique, pourrait également favoriser la survenue de cancer colique, d’après une étude menée à l’université américaine Johns Hopkins. « Ce pourrait être l’Helicobacter pylori du cancer colique », a déclaré le Dr Cynthia Sears, infectiologue et principal auteur de l’étude. Ces résultats montrent en effet chez un modèle murin que Bacteroides fragilis est à l’origine d’une inflammation tissulaire favorisant la survenue de cancer colique, de façon similaire à H. pylori, connu pour donner des ulcères à l’origine de cancers gastriques. La carcinogenèse emprunterait une voie dépendante d’un facteur de transcription (Stat-3) caractérisée par une réponse sélective des lymphocytes T helper 17 (Th17).
Une inflammation chronique à Th17.
Alors que la forme entérotoxinogène de Bacteroides fragilis peut rester asymptomatique, la toxine secrétée peut être à l’origine d’une diarrhée inflammatoire chez certains sujets infectés. Pour établir le lien entre cette bactérie et le cancer colique, l’équipe du Johns Hopkins a travaillé sur un modèle de souris porteuses d’une mutation du gène APC à risque de cancer colique. Si la diarrhée chez les souris infectées guérissait en moins d’une semaine, les rongeurs présentaient à un mois une inflammation colique et de petites tumeurs. À noter que les souris infectées par une forme non entérotoxinogène n’ont présenté ni diarrhée ni inflammation ni tumeurs. Les chercheurs ont ensuite analysé plus précisément la réponse immunitaire. Des taux élevés du facteur de transcription Stat-3, connu pour être pro-inflammatoire, ont été observés avec une réponse sélective des Th17. L’activité de ces lymphocytes était ainsi 100 fois plus élevée que la normale. En bloquant l’interleukine 17, l’équipe de Cynthia Sears a d’ailleurs constaté qu’il était possible d’inhiber la réponse inflammatoire et la formation tumorale. Les auteurs suggèrent que l’infection à B. fragilis pourrait être responsable d’une inflammation, certes à bas bruit, mais persistante à long terme. Les altérations génétiques consécutives favoriseraient alors une croissance non contrôlée et le développement précoce de tumeurs coliques. Si le phénomène venait à être confirmé chez l’homme, ce serait le premier mécanisme de ce type décrit dans la carcinogenèse des tumeurs coliques.
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