Baclofène : un risque de surdosage volontaire

Par

Publié le 28/03/2017

Baclofène
Crédit photo : Phanie

Le baclofène, prescrit à haute dose dans la dépendance alcoolique, peut exposer à un risque d'intoxication volontaire grave, selon une étude des centres antipoison de l'ouest de la France.

Le baclofène, souvent prescrit dans le but de réduire la consommation d’alcool chez les alcoolodépendants, n’est pas dénué de risque. En effet, une étude menée par les centres antipoison de l’ouest de la France, qui représentent 12 millions de patients, s’est penchée sur le risque de surdosage lié au baclofène. Au total, 111 cas de surdoses volontaires (autrement dit des tentatives de suicide) ont été rapportés entre 2008 et 2013 dans cette partie de l'Hexagone. 46 de ces intoxications étaient graves, dont 4 fatales. Les symptômes étaient essentiellement neurologiques (45 %) et cardiovasculaires (27 %) et la sévérité des symptômes était fortement liée à la présence de troubles psychiatriques.

C’est là que se situe le nœud du problème. Car les personnes alcoolo-dépendantes sont souvent atteintes de comorbidités psychiatriques. Aujourd’hui, les patients sont traités par de fortes doses (jusqu’à 300 mg par jour) et détiennent donc, à leur domicile, beaucoup de boîtes de baclofène, ce qui augmente le risque de surdosage. Comment alors assurer la sécurité de la prescription et de la posologie du baclofène, surtout en cas de troubles psychiatriques associés ? Pour les auteurs de l'étude, les autorités sanitaires devraient réfléchir à ce problème et le prendre en compte pour encadrer la prescription du baclofène dans le sevrage alcoolique.

Aujourd’hui, ce médicament bénéficie d’une recommandation temporaire d’utilisation dans l’alcoolodépendance. Dans le cadre de cette RTU, il est notamment contre-indiqué en cas de troubles psychiatriques graves (schizophrénie, troubles bipolaire, dépression sévère) et de troubles neurologiques (épilepsie non contrôlée). Il est toutefois beaucoup prescrit hors du cadre de la RTU et hors AMM, étant donné que le médicament est commercialisé dans une autre indication (Liorésal et génériques).