Fortement engagés dans des politiques de suivi pharmaceutique et de santé publique, les pharmaciens australiens prennent de nombreuses initiatives pour élargir leurs champs de compétences. Avec la Nouvelle-Zélande, quelques provinces canadiennes et certains États américains, le pays est l’un des plus innovants au monde dans ces domaines.
Selon le président de la PSA, Shane Jackson, le projet ouvrant le droit de prescrire aux pharmaciens pourrait faire l’objet d’une loi d’ici à deux ans, parallèlement à une réforme des listes de médicaments soumises à prescription. Une nouvelle catégorie de médicaments serait ainsi mise en place entre les médicaments prescriptibles traditionnels et les médicaments conseils : ces produits dits de classe « M » seraient des médicaments « intermédiaires », c’est-à-dire non soumis à la prescription médicale, mais toutefois réservés à certaines indications et à certains patients, et réclamant donc un « contrôle accru » avant leur délivrance. Ce dernier serait effectué par le pharmacien en fonction de chaque patient.
Une dizaine de médicaments pourraient, dans un premier temps, être concernés par ce projet. Au-delà de l’autorisation légale, précise toutefois la PSA, il faut encore régler la question de la rémunération d’un tel acte, alors même que beaucoup de pharmaciens estiment que les « nouvelles missions » qu’ils exercent déjà sont chronophages et insuffisamment rémunérées.
Des pharmaciens dans des cabinets médicaux
Si l’Australie compte environ 5 500 officines, soit une pour 4 545 habitants, les 30 000 pharmaciens du pays ne sont pas tous, loin de là, titulaires ou adjoints d’officines. Cette forte démographie favorise le temps partiel et le salariat, y compris sous des formes inusitées. C’est ainsi que trois gros cabinets de médecins généralistes du territoire de Canberra, la capitale du pays, ont engagé pendant 12 mois des pharmaciens non-prescripteurs pour optimiser leurs prescriptions, mais aussi la consommation de médicaments de leurs patients. Ces derniers ont bénéficié, chez les médecins, de conseils sur le bon usage et d’un suivi pharmaceutique. De plus, ces pharmaciens ont mené des actions d’éducation thérapeutique, en matière de prise en charge de l’asthme notamment, et se sont occupés aussi des programmes d’arrêt du tabac. Une évaluation de l’activité de ces pharmaciens vient d’être publiée par l’université de Canberra, et révèle qu’une forte majorité de médecins et de patients ont jugé cette expérience très positive et souhaitent son renouvellement.
Un point de vue loin d’être partagé par les pharmaciens d’officine des secteurs concernés : ils redoutent de voir toutes leurs missions de santé publique quitter l’officine au profit des cabinets employant des pharmaciens. Ils estiment, surtout, que si le pharmacien d’officine ne joue plus son rôle en matière de suivi et de bon usage, il deviendra un simple « distributeur » avec une relation tout à fait anonyme face aux patients : ceci finira par nuire aux objectifs de bon usage justement voulus par l’expérimentation.
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