Dans l’Anjou, aux alentours de Chemillé (Maine-et-Loire), la culture de plantes médicinales est devenue une tradition. Le climat doux (la douceur angevine si chère à Joachim du Bellay) et la proximité de Paris ont contribué à imposer cette activité dès le XIXe siècle, sous l’impulsion du droguiste et herboriste Aimé-Jean Godillon. Aujourd’hui encore, les champs de camomille romaine, de souci, de menthe, de mélisse, de valériane ou de reine-des-prés sculptent le paysage de cette région des Mauges et offrent aux curieux le loisir de découvrir l’univers des plantes médicinales.
Cultivées ou cueillies
Comme l’Anjou, d’autres régions produisent ou fournissent des plantes à usage médicinal. La culture du pavot à œillette dont on extrait la morphine s’est développée en Champagne et en Poitou-Charentes (12 000 hectares de culture en France), tandis que l’Aquitaine s’est spécialisée dans la production du ginkgo biloba. Les plantes de culture présentent un avantage qualitatif et minimisent le risque de falsification. Le séchage sur place constitue un atout supplémentaire. Une autre source de plantes médicinales est la cueillette des plantes sauvages. Cette récolte est réalisée dans le Massif central, la Drôme, l’Ardèche ou dans les Pyrénées (racines de gentiane). Elle présente cependant quelques inconvénients, en termes de qualité, de sécurité et d’écologie. Contrairement aux plantes de culture, la teneur en substances actives des plantes sauvages est variable. Le risque de confusion (par exemple gentiane et hellébore blanc) doit être pris en compte et impose une formation des cueilleurs. Enfin, la notion de récolte durable pour la préservation des plantes est essentielle (par exemple, replantation des jeunes pousses de gentiane pour favoriser la régénération de la plante).
La chimie des plantes
L’analyse phytochimique permet d’identifier et d’étudier les substances présentes dans la plante selon différents procédés. L’arrêté du 24 juin 2014 établit la liste des plantes autorisées dans les compléments alimentaires et les substances à surveiller. Il s’agit principalement des substances responsables des effets thérapeutiques ou d’effets secondaires. Par exemple, l’analyse phytochimique des rhizomes de rhubarbe officinale (Rheum officinale) doit permettre de surveiller la teneur en anthraquinones. Dans l’écorce de saule (Salix alba), la substance à surveiller est la salicine.
Des plantes sous toutes les formes
Plusieurs formes galéniques sont proposées pour utiliser les plantes en phytothérapie. Les formes solides, telles que les plantes séchées en vrac, permettent une utilisation en tisane ou en décoction. Lorsque la plante sèche est pulvérisée, elle peut être présentée en gélule. Cette forme présente cependant une mauvaise stabilité au cours du temps. On l’utilise pour le ginseng ou la prêle. Autre forme solide, l’extrait sec correspond à une extraction, à partir de la plante broyée, des substances actives via un solvant aqueux ou hydroalcoolique (macération, décoction, infusion…) afin d’obtenir, après filtration et séchage, une poudre concentrée sous un faible volume. Cette forme est par exemple utilisée pour le millepertuis.
Les formes liquides sont obtenues à partir de plantes fraîches, séchées ou congelées dans l’azote liquide après récolte. Ces plantes peuvent faire l’objet d’un broyage associé ou non à une extraction graduée à différents degrés alcooliques. L’extrait étant ensuite mis en suspension dans de l’eau, dans un mélange hydroalcoolique ou dans la glycérine.
Utilisée comme matière première pour les dilutions homéopathiques, la teinture-mère est obtenue par macération de la plante fraîche dans l’alcool. Enfin, le macérat glycériné réalisé à partir des bourgeons ou des jeunes pousses est à la base de la gemmothérapie.
Les composés volatils des plantes, qui forment l’essence végétale, sont à la base de l’aromathérapie. Selon la pharmacopée française, les deux techniques pouvant être utilisées pour recueillir les huiles essentielles sont l’entraînement à la vapeur d’eau (hydrodistillation) et, pour les agrumes, l’expression à froid. La distillation est réalisée à partir de la plante entière, broyée si nécessaire, placée dans un alambic. Cette opération aboutit à l’obtention de l’huile essentielle et d’une eau distillée aromatique (hydrolat). Les huiles essentielles se caractérisent par leur chimiotype, c’est-à-dire leur identité chimique. Une même plante peut donner des huiles essentielles de chimiotype différent, chaque chimiotype ayant une indication thérapeutique précise.
Référence : Traité pratique de phytothérapie par le Dr Jean-Michel Morel (éd. Grancher, Paris, 2008)
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