L’association Générations futures présente une enquête sur les substances chimiques présentes dans nos aliments et qui pourraient être à l’origine de cancers ou de perturbations endocriniennes. Malgré le respect des réglementations pour chaque aliment, leur accumulation aboutit, selon elle, à un menu toxique.
UN ENFANT absorbe en une journée 128 résidus chimiques, provenant de 81 substances différentes, dont plus de la moitié sont suspectées d’être cancérigènes ou de perturber le système endocrinien. Ce sont les résultats inquiétants d’une étude menée par le mouvement Générations futures, dans le cadre de la campagne « Environnement cancer » lancée avec le Réseau européen alliance et santé (HEAL) et le soutien de WWF-France et du Réseau environnement santé (RES).
Trois repas et un en-cas, composés de produits de base achetés dans des supermarchés de Paris et ses environs, et respectant les recommandations du ministère de la Santé, ont été analysés par des laboratoires indépendants. Les scientifiques ont recherché les plastifiants (dont du bisphénol A), des dioxines, des métaux lourds, des additifs et autres polluants.
Résultats, les substances chimiques se glissent partout : dans la pomme, importée du Brésil et portant des traces d’un fongicide interdit en Europe, les haricots verts du Kenya, le beurre français (15 résidus chimiques), ou encore le saumon européen, qui en comptabilise 34. L’eau comporte des nitrates et du chloroforme, et l’assiette de plastique chauffée au micro-ondes libère des phtalates.
« Nous ne nous attendions pas à une telle addition, c’est un cocktail explosif ! », s’exclame François Veillerette, porte-parole de Générations futures, en soulignant que cette question des synergies est centrale. « Cet effet cocktail est rarement étudié et difficilement quantifiable, mais nous n’allons pas attendre de compter les cercueils pour agir ! », a-t-il ajouté.
Savoir pour agir.
Pour Générations futures, l’enjeu de cette étude, qui ne prétend pas avoir de valeur statistique, est de pointer les causes de la recrudescence des cancers pour cibler les actions. Selon l’Institut de veille sanitaire, l’incidence de la maladie a progressé entre 1980 et 2005 de 93 % chez l’homme et de 84 % chez la femme. Le changement démographique, ainsi que le tabac et l’alcool, dont la prévalence est en baisse, ne suffisent pas à justifier cette explosion. « Stop à la politique de l’autruche des ministères de la Santé et de l’Agriculture ! », a dénoncé Serge Orru, directeur du WWF-France. « Personne n’est épargné par ces maladies chroniques », a renchéri Laurent Chevalier, président du RES et médecin, en rappelant que les substances chimiques ont des effets retardés. Si les associations prodiguent quelques conseils à l’échelle individuelle (peler les fruits, manger bio), elles demandent surtout l’interdiction de l’usage des pesticides, additifs possiblement cancérigènes et plastiques, ainsi que la réduction des sources d’émission des substances cancérigènes dans l’environnement (incinérateurs…). Elles appellent enfin les institutions à mettre en place un volet environnement dans le deuxième plan Cance, et à placer le principe de précaution au cœur de la nouvelle version du plan national Santé Environnement.
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Françoise Amouroux
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