À L’IMAGE de ce qui est réalisé en antibiothérapie avec une association thérapeutique, une équipe de chercheurs français sous la houlette du Pr Catherine Leport (hôpital Bichat, Paris) a tenté une démarche originale contre les virus grippaux, car jamais faite. L’essai s’appelle BIVIR et il a testé une bithérapie antivirale par inhibiteurs de la neuraminidase au cours de l’épidémie hivernale 2008-2009. La France dispose à l’heure actuelle de deux molécules, l’oséltamivir et le zanamivir. Il s’agissait donc de vérifier l’efficacité clinique et biologique des trois choix possibles chez des patients grippés : oséltamivir, zanamivir ou association des deux. L’une des originalités de BIVIR est d’avoir eu recours à 145 généralistes libéraux, recrutés sur tout le territoire national, pour enrôler et suivre les patients. Contrairement à ce qui pouvait être attendu, l’association thérapeutique s’est montrée moins efficace que l’oséltamivir et guère plus que le zanamivir.
Trois groupes de patients.
L’étude a été menée par tirage au sort, en double aveugle, contre placebo. En tout, 900 patients adultes devaient être enrôlés. Les critères étaient : syndrome grippal évoluant depuis moins de 36 heures et prélèvement nasal positif au test rapide. Au total 541 patients ont pu être inclus. Ils ont été scindés en trois groupes. Le premier associait oséltamivir par voie orale (75 mg deux fois par jour) et 10 mg de zanamivir en inhalation (10 mg deux fois par jour) ; le deuxième, oséltamivir (même posologie) associé à un aérosol placebo ; le troisième, zanamivir (même posologie) avec placebo oral. L’efficacité thérapeutique a été jugée sur la charge virale nasale et l’évolution clinique, notamment des complications ORL ou bronchopulmonaires.
L’essai a été arrêté prématurément en raison de l’épidémie à virus A(H1N1) en hiver 2009-2010. L’analyse a donc porté sur les 541 patients enrôlés à ce moment, 192 dans le groupe 1, 176 dans le groupe 2 et 173 dans le dernier. La grippe a été confirmée chez 447 d’entre eux, essentiellement par un virus A(H3N2).
Le traitement était considéré comme virologiquement efficace lorsque la PCR-RT nasale montrait moins de 200 copies équivalent génome (cgeq)/µl au 2e jour. Les décroissances de la charge virale à ce terme étaient respectivement de 2,14 ; 2,49 et 1,68 log10 cgeq/µl. En ce qui concerne l’amélioration clinique le temps passé avant la disparition des symptômes est ici aussi plus court dans le groupe oséltamivir seul avec 3 jours, contre 4 jours pour les autres. À signaler quatre effets secondaires sévères. La tendance aux nausées et vomissements a été plus élevée dans le groupe de l’association d’antiviraux.
« Ces résultats appellent à la prudence dans l’utilisation de l’association oséltamivir et zanamivir dans le traitement des patients adultes grippés, écrivent les auteurs. En outre, comme il a été observé dans cet essai que la monothérapie par oséltamivir avait la meilleure efficacité clinique et
virologique par rapport à la bithérapie par oséltamivir plus zanamivir ou la monothérapie par zanamivir, l’oséltamivir devrait être le traitement antiviral de première intention pour une saison grippale avec prédominance de virus A(H3N2). Cependant les résultats de cette étude devront être confirmés dans les prochaines années sur de futurs virus grippaux en circulation. »
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