Antipaludique : conflit autour d'un brevet biopirate

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Publié le 28/02/2018

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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Après des signes d'apaisement entre la Fondation Danielle Mitterand, France Libertés, et l'Institut de recherche et de développement (IRD), le brevet confirmé par l'Office européen des brevets (OEB) le 21 février dernier réveille les querelles sur fond de biopiraterie.

Sur son site, France Libertés revient sur le début du conflit. Au début des années 2000, des chercheurs de l'IRD se rendent en Guyane pour s'informer auprès des autochtones des remèdes traditionnels pour lutter contre le paludisme, ce qui leur permet d'identifier une plante, Quassia Amara, puis d'en extraire la Simalikalactone E (SkE) qui est brevetée par l'OEB en mars 2015. France Libertés y voyant un moyen d'utiliser la molécule au seul bénéfice de l'IRD et non des populations locales, elle fait opposition à la demande de brevet en octobre 2015, soutenue dans sa démarche par la collectivité territoriale de Guyane et de certains parlementaires. Malgré un protocole d'accord proposé par l'IRD à la collectivité territoriale de la Guyane, le conflit ne s'est pas éteint (lire notre article « abonné »). C'est ainsi qu'une procédure orale a été organisée le 21 février devant l'OEB afin d'entendre les arguments de France Libertés et de l'IRD : l'OEB confirme la validité du brevet de l'IRD.

Pour France Libertés, « ce brevet est un flagrant cas de biopiraterie » et la décision de l'OEB « met en péril l'utilisation des remèdes traditionnels, l'IRD pouvant en interdire l'usage par les communautés qui les ont découverts ». Une accusation vivement réfutée par l'IRD qui « a déjà affirmé et réaffirme sa volonté de partager les éventuels avantages liés à ce brevet avec les populations concernées, de façon strictement égalitaire », comme il s'y était engagé en mars 2016. L'IRD considère comme inacceptable « la campagne menée contre l’Institut par France Libertés », c'est à ses yeux « la meilleure manière d'empêcher la valorisation du savoir et le partage des avantages au bénéfice principal des peuples concernés ». Il affirme enfin se tenir « prêt à tout débat public sur le sujet avec France Libertés ».