Les médicaments antiacides (Mopral, Inexium, Azantac) ne devraient plus être utilisés de façon concomitante avec le Votrient (pazopanib), un anticancéreux indiqué dans les sarcomes des tissus mous métastatiques. En effet, le recours à ces spécialités diminue la survie des patients, selon une étude publiée le 14 février dans la revue « Clinical Cancer Research ».
Dans le détail, les auteurs ont analysé les données de 333 patients inclus dans deux essais cliniques menés par GlaxoSmithKline pour demander l'autorisation de mise sur le marché du Votrient. Résultat : chez ceux qui ont pris un antiacide pendant au moins 80 % du temps de leur traitement au pazopanib, la durée médiane de survie sans progression du cancer a été de 2,8 mois, contre 4,6 mois chez ceux qui n'ont pas utilisé d’antiacide. Leur survie globale médiane était de 8 mois contre 12,6 mois dans le groupe sans antiacide.
« Les antiacides réduisent l'absorption du pazopanib qui a besoin du pH acide de l’estomac pour se dissoudre », explique le Dr Olivier Mir, oncologue médical et pharmacologue à l'hôpial Gustave Roussy, co-auteur de l’étude. « Les médecins et les pharmaciens devraient particulièrement surveiller les patients qui prennent ces deux traitements simultanément, car leur association peut avoir un impact négatif significatif. »
Des travaux antérieurs avaient déjà montré que les antiacides réduisaient le taux de pazopanib dans le sang des patients. Mais cette nouvelle étude objective l’impact négatif sur leur survie.
Douleurs abdominales
Rappelons que les médicaments antiacides sont très utilisés en cancérologie. On estime que jusqu'à 50 % des personnes qui suivent un traitement contre le cancer prennent aussi ce type de traitement. « Les patients atteints de cancer ont souvent recours à des antiacides pour soulager des douleurs abdominales qui ne sont pas toujours directement liées à l'acidité de l'estomac », indique Olivier Mir, en ajoutant que la majorité d’entre eux pourraient avoir recours à un traitement différent pour soulager ces symptômes.
Autre problème : les professionnels de santé ignorent souvent que les patients ont recours à ce type de médicament, dont certains sont disponibles en vente libre. « Il est absolument primordial que les patients informent leurs oncologues de tous les médicaments qu'ils prennent pendant le traitement du cancer, y compris ceux en vente libre, et y compris les plantes médicinales, afin que de potentielles interactions médicamenteuses délétères puissent être évitées », insiste Olivier Mir. Les professionnels de santé doivent eux aussi informer les patients sous traitement anticancéreux qu’ils ne doivent pas utiliser d'antiacides.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques