À l'officine, le marché des traitements de la douleur chez l'enfant repose en grande partie sur les antalgiques de niveau 1, à savoir le paracétamol et les anti-inflammatoires non stéroïdiens, ibuprofène et aspirine en tête. Un arsenal auquel, pour parfaire la définition du marché, pourront s'ajouter les médicaments antispasmodiques à base de phloroglucinol (tels Spasfon et ses génériques), seule substance disponible sans ordonnance pouvant être utilisée chez l'enfant.
Les trois molécules – paracétamol, ibuprofène, acide acétylsalicylique – qui forment l'essentiel de l'offre antalgique de niveau 1 pour l'enfant, ont vu leurs ventes progresser de 11 % en valeur et 4 % en volume au cours de l'année 2016 (CMA à octobre 2016). Un essor largement dû aux lancements respectivement orchestrés en 2015 par les laboratoires Sanofi et Upsa sur le segment de l'antalgie pédiatrique.
Segment émergent
Dans sa gamme Efferalgan, Upsa a ainsi présenté une formule réservée à l'enfant et à l'adolescent de deux à douze ans, Efferalgan 250 mg granulés à l'arôme vanille fraise. Conditionné en sachets unidoses, le médicament est indiqué dans le traitement symptomatique des douleurs d'intensité légère à modérée et/ou des états fébriles. Il vient seconder la gamme Dafalgan qui n’abrite pas moins de six présentations destinées aux différents stades de l'enfance (de 4 à 50 kg) et proposées sous forme de poudre effervescente pour solution buvable et de suppositoires.
Sanofi, pour sa part, a agrémenté sa nouvelle gamme Doliprane Conseil de deux références dédiées à l'enfant : Doliprane Liquiz 200 mg est indiqué à partir de 18 mois et jusqu'à treize ans alors que Doliprane Liquiz 300 mg vise les enfants de quatre à quinze ans. Tous deux se présentent sous la forme de solution buvable conditionnée en stick unidose. « Chez les nourrissons, la suspension pédiatrique est privilégiée en raison de la précision du poids, indique Sanofi. Chez les grands enfants, en revanche, c'est la praticité qui entre en ligne de compte. Ce sont donc les formes en stick qui sont de plus en plus demandées. » L’objectif est aussi d’apporter une facilité d'usage aux mamans d’enfants à partir de 11 kg. « Après avoir utilisé pour leurs bébés la suspension Doliprane, les mamans ont désormais à leur disposition la même formule en sachet qui facilite la prise du médicament, tout particulièrement au cours d'un déplacement. » Quant au paracétamol, c'est la molécule la plus représentée en pédiatrie puisqu'elle occupe 83 % du marché total (prescription et automédication). Elle est secondée chez Sanofi par l'aspirine à l'œuvre dans la gamme Aspégic qui abrite deux références pédiatriques, l'une pour enfant (250 mg), l'autre pour nourrissons (100 mg).
Les deux formes Doliprane Liquiz, pour leur part, s'inscrivent dans la gamme d'antalgiques non remboursables présentée par le laboratoire au mois d'octobre 2015 et viennent conforter, aux côtés du lancement opéré la même année par Upsa, l'existence du versant automédication de l'antalgie pédiatrique. S'il n'occupe qu'environ un quart du marché total, ce segment a vu ses ventes progresser de 13,5 % en volume et 28,5 % en valeur au cours des douze derniers mois.
La galénique, élément central
Pour certains acteurs du marché de l'antalgie pour enfant, ces derniers lancements témoignent véritablement de la création d'un segment OTC. En ce qui concerne la galénique, cependant, la forme la plus demandée reste la suspension buvable car elle est la plus simple à administrer chez l'enfant. Comme le confirme Luc Bauchet, chef de produit senior sur AdvilMed (Pfizer), « elle représente environ 70 % des ventes du marché et reste stable depuis quelques années. Les autres galéniques se composent essentiellement de sachets et de suppositoires ». Deux références constituent actuellement la gamme AdvilMed pédiatrique : une suspension buvable 20 mg/ml dispensable dès trois mois et un comprimé enrobé dosé à 100 mg destiné aux enfants entre six et douze ans. Formulées à base d'ibuprofène, elles concentrent 91 % des ventes de la gamme en valeur. « C'est un enjeu important pour une marque d'antalgiques que de pouvoir proposer une offre pédiatrique. Notre objectif est de pouvoir soulager au maximum la douleur infantile mais aussi d'être présents aux côtés du patient tout au long de sa vie. » Une démarche que devraient faciliter les dernières recommandations en matière de prise en charge médicamenteuse de la douleur chez l'enfant, validées et publiées en janvier dernier par la Haute Autorité de santé. Elles limitent, notamment, l'utilisation de la codéine aux enfants de plus de douze ans après échec du paracétamol et/ou d'un AINS et indiquent que l'ibuprofène est l'anti-inflammatoire non stéroïdien à recommander en première intention en pédiatrie dans la plupart des douleurs aiguës modérées à intenses. Le paracétamol en première intention est, pour sa part, à réserver aux douleurs faibles à modérées. En cas d'insuffisance d'efficacité du paracétamol seul ou de l'ibuprofène seul, leur association et non leur alternance est recommandée. La Haute Autorité de santé précise aussi qu'en France, la peur liée à l'utilisation des AINS est importante mais en grande partie infondée. Les effets indésirables des AINS, s'ils sont prescrits aux posologies recommandées (20 à 30 mg/kg/j) par voie orale et pour une durée courte (48 à 72 heures), sont rares. D’après des études de cohortes portant sur plusieurs dizaines de milliers d’enfants, le profil de sécurité de l’ibuprofène est comparable à celui du paracétamol.
Sur le segment de l'ibuprofène pour enfant, on trouvera d'autres références comme NurofenPro Enfant et Nourrisson (Reckitt Benckiser Healthcare France) ou Antarène Enfant et Nourrisson (Laboratoire Elerté) et sur celui du paracétamol, on pourra notamment citer la solution buvable Dolko 60 mg/2 ml chez Thérabel Lucien Pharma…
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