Décembre 2017 signe le début de l’affaire Lactalis. À cette époque, plusieurs nourrissons sont hospitalisés pour une contamination par des salmonelles (36 au total, toutes d’évolution favorable).
Les services sanitaires identifient l’origine de la contamination dans des laits infantiles issus de l’usine Lactalis de Craon, en Mayenne. Plusieurs rappels de lots sont organisés, avant que Lactalis finisse par retirer du marché mondial tous les produits Picot, Milumel et Taranis (mélange d'acides aminés en poudre) fabriqués ou conditionné dans cette usine.
L‘affaire aurait pu en rester là. Mais le système de retraits et rappels de lots a alors révélé de graves dysfonctionnements dans la grande distribution… Mais aussi dans les pharmacies. Tout d’abord, début janvier, des consommateurs ont retrouvé des boîtes de laits concernés par les retraits dans le commerce. Une présence inacceptable, confirmée par Leclerc, Auchan, Carrefour, Cora, Intermarché, Système U.
57 pharmacies épinglées
Puis des inspections de la DGCCRF sont venues enfoncer le clou. Au total, 6 100 contrôles ont été effectués en deux vagues (entre le 26 décembre et février 2018) dans les supermarchés, pharmacies, crèches ou hôpitaux afin de vérifier le bon retrait de boîtes de lait Lactalis. Cent structures ont été épinglées, dont 57 officines. Pour une trentaine d’entre elles, il s’agissait de simples manquements au devoir d’affichage. Pour les 25 autres, les cas les plus graves, un procès-verbal a été dressé, en raison de la présence dans l’espace de vente de produits censés être retirés. Selon l’Ordre, seulement deux pharmaciens pourraient, au final, être poursuivis en justice et faire l’objet de mesures disciplinaires (pouvant aller jusqu’à une interdiction d’exercer).
Tout en condamnant fortement ces pharmaciens qui ont manqué à leur devoir, Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre des pharmaciens, a néanmoins tenu à réaffirmer le sérieux et l’efficacité de la chaîne pharmaceutique, l'immense majorité du réseau ayant répondu comme il se devait à l'alerte.
Clap de fin
Aujourd’hui, la crise sanitaire semble s’achever : le 18 septembre 2018, la société Lactalis a de nouveau été autorisée à commercialiser ses laits infantiles Picot et Milumel, produits dans son usine de Craon. Par ailleurs, le gouvernement a décidé de renforcer la sécurité en cas de crise sanitaire, en proposant quatre mesures (blocage des produits défectueux en caisse, la création d’un un site Internet d’information sur le produit défectueux, la possibilité d’utiliser les données bancaires pour alerter rapidement le consommateur, et enfin la création d’une application sur laquelle les consommateurs pourront signaler tout produit suspect).
En pharmacie, pour parfaire la sécurité des rappels, l’Ordre travaille sur un référentiel qualité à instaurer dans les 22 000 officines. De plus, l’instance a mis au point un système de blocage de la dispensation à l’officine de tout médicament issu d’un lot rappelé, via le DP. Mais pour être effective, faut-il encore que les éditeurs intègrent cette fonctionnalité dans les logiciels d’aide à la dispensation. Certains l’ont fait, mais pas tous.
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