L’OBJECTIF de l’enquête de l’INCa conduite en 2010 sur l’ensemble du territoire était de dresser un état des lieux de la prise en charge de la douleur cancéreuse en France, conformément aux recommandations du troisième plan Douleur (2006-2010), dont un quatrième volet est en cours de finalisation, et aux préconisations de la certification HAS 2010 invitant les établissements de santé à renforcer l’expertise de leurs équipes sur la douleur et à intégrer de façon systématique l’évaluation et sa prise en charge. Par ailleurs l’action 19-1 du plan Cancer (2009-2013) recommande notamment de renforcer les soins de support en intégrant mieux la lutte contre la douleur.
L’enquête a été réalisée du 18 octobre 2010 au 22 novembre 2010 dans 71 centres tirés au sort (45 centres régionaux de lutte contre le cancer, 15 CHU, 11 CH et 8 établissements privés auprès de 1 527 patients (2 % ont refusé de participer, soit 1?507 patients interrogés). Les malades (58 % de femmes d’âge moyen de 63 ans) étaient atteints de cancer du sein (468), colo-rectal (240), d’une hémopathie maligne (202), d’un cancer du rein, des voies excrétrices ou d’un cancer gynécologique (182), d’un cancer bronchique (150), de la prostate (79) ou d’un autre cancer : prostate, ORL, œsophage... (186).
Sur les 1 507 patients interrogés, 28 % étaient en en phase de traitement curatif, 53 % en situation de cancer avancé, et 18 % en phase de surveillance ou de rémission avec, pour la majorité d’entre eux, un recul de plus d’un an par rapport à la fin de la chimiothérapie. La prévalence déclarée de la douleur de 53 % « est identique à celle des données de la littérature », précise l’INCa. À noter que les médecins interrogés ne mentionnent une douleur que dans 587 cas (39 %). Les 143 autres patients se déclarant douloureux, « ne sont pas reconnus comme tels par les médecins », souligne l’institut. Une douleur chronique, présente depuis plus de trois mois, est rapportée par 30 % des patients douloureux en situation de cancer avancé et par 25 % des patients douloureux à distance de tout traitement ou en rémission. La douleur est considérée comme sévère chez 28 % de ces patients douloureux. Chez 36 % des patients, la douleur de type neuropathique est indiquée comme prédominante, tandis que 43 % d’entre eux souffrent probablement d’une douleur de ce type. « Il est important de reconnaître une douleur neuropathique, ou une composante neuropathique d’une douleur, car elle requiert une approche thérapeutique spécifique », relève l’INCa.
Faible recours aux spécialistes.
L’enquête révèle une prise en charge de la douleur insuffisante : 62 % des patients douloureux en situation de cancer avancé sont sous-traités si l’on compare leurs déclarations (intensité de la douleur) à celles des médecins (palier d’antalgiques prescrits). Chez les patients en phase de cancer avancé présentant une douleur neuropathique, 57 % n’ont pas un traitement adéquat de leur douleur. Les acteurs intervenant dans cette prise en charge sont d’abord les cancérologues (91 % des cas) devant les généralistes (64 %). L’INCa signale « le faible recours à une consultation antidouleur (7 % des cas) ou à une prise en charge pluridisciplinaire de la douleur ».
L’absence de soulagement évoqué par les patients peut s’expliquer, selon l’institut, « soit par un traitement de fond de palier insuffisant, non en adéquation avec l’intensité de la douleur, soit par une adaptation insuffisante de ce traitement de fond ».
Plusieurs actions sont proposées. En premier lieu, le rapport propose de diffuser les résultats de l’enquête auprès des professionnels de santé. Il s’agit aussi de mieux faire connaître les structures de prise en charge de la douleur et des experts de la douleur en publiant par exemple la cartographie des centres sur le site Internet de l’INCa et de relayer l’information auprès des réseaux régionaux de cancérologie. Il conviendrait par ailleurs de renforcer la formation des oncologues et des spécialistes d’organes. Les résultats de l’enquête devront par exemple être diffusés aux présidents des universités et aux responsables du DES d’oncologie et du DESC de cancérologie pour les sensibiliser et faciliter l’intégration de modules douleur, soins de support et soins palliatifs dans leurs formations. Pour les médecins généralistes, le nombre de formations continues sur la thématique douleur cancéreuse devrait augmenter. L’information des patients, de leurs proches et du grand public devra aussi être améliorée. Enfin, concernant l’évaluation et la prise en charge de la douleur, le rapport recommande la diffusion des outils cliniques de repérage, d’évaluation et de prise en charge de la douleur chez la personne âgée.
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Françoise Amouroux
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