« LE MESSAGE IMPORTANT, c’est que nous restons dans l’hypothèse basse pour la suite de l’épidémie », annonce le Dr Françoise Weber. Et certes, la directrice générale de l’Institut de veille sanitaire l’assortit de nombreux codicilles. Tant il est vrai qu’avec son génie propre un virus a toujours plus d’un tour dans son sac. Et que, d’ici au retour d’expérience qu’on sera en mesure de proposer au printemps, la conjonction de nombreux facteurs peuvent encore interagir et brouiller la visibilité :
– Le climat : à la faveur du mois d’octobre relativement clément que nous avons connu en France, on s’est rendu compte que le A(H1N1)v était très sensible au froid.
– L’adhésion de la population aux mesures barrières : le comportement des personnes contaminées, selon qu’elles restent à la maison ou non, est un déterminant de premier ordre. On le vérifie à l’occasion des séquences de vacances scolaires, quand les enfants ne fréquentent plus les écoles, la courbe épidémique baisse.
– Le nombre des personnes immunisées : le total de celles qui ont bénéficié d’anticorps lors de précédentes épidémies, de celles qui ont été contaminées cette saison et des vaccinés compose une force de résistance à la circulation du virus.
– Les moyens thérapeutiques : la prescription précoce des antiviraux reste en question. Or, répète le Pr Hannoun, « le Tamiflu reste largement sous-utilisé en raison de la grande frilosité manifestée à son égard par le corps médical ».
– les coïnfections : VRS et streptocoques jouent un rôle d’amplification à surveiller.
Statistiquement optimiste.
Quoi qu’il en soit, le Dr Weber ne retient pas le scénario pessimiste qui avait été évoqué en septembre, avec 20 % de complications, 2 % des patients hospitalisés et 0,5 % de létalité. Elle privilégie « le scénario statistiquement optimiste », avec 15 % de complications, 1 % d’hospitalisations et 0,1 % de létalité. « Somme toute, note-t-elle, nous nous situons dans des paramètres proches de ceux de la grippe saisonnière, même si, compte tenu d’un taux d’attaque supérieur, le nombre des personnes contaminées est forcément plus élevé et, surtout, le profil des personnes décédées très différent : une moyenne d’âge de 30 à 40 ans, avec des facteurs de risque qui ne sont pas liés à des pathologies gravissimes d’asthme, ou d’obésité, et des femmes enceintes. »
Professeur honoraire à l’Institut Pasteur, le virologue Claude Hannoun exclut également les hypothèses épidémiologique hautes :
« De même que le scénario minimaliste, qui a fait espérer en août que l’épidémie puisse faire pschitt, le scénario type grippe espagnole est aujourd’hui exclu, alors que l’immunité de la population générale est en train de monter lentement. Nous nous situerons vraisemblablement à un niveau intermédiaire entre le scénario fulminant de 1918 et le scénario minimaliste d’une épidémie saisonnière. »
Directeur de l’École des hautes études en santé publique, le Pr An?toine Flahault se montre quant à lui plus circonspect. « Certes, estime-t-il, une première hypothèse très optimiste demeure : que nous ayons atteint le pic et que la courbe retombe dans les semaines qui viennent. En ce cas, nous aurons connu une épidémie comparable à celle de la grippe saisonnière, avec 5 % de grippes cliniques et autant de formes asymptomatiques, une différence subsistant en ce qui concerne les formes graves, avec un gros point d’interrogation concernant les sujets très âgés. »
Mais « deux autres scénarios ne peuvent pas encore être complètement écartés, selon le Pr Flahault : la survenue de plusieurs vagues, qui donnera tout son sens à la campagne vaccinale ou le scénario d’une vague unique, mais plus ample, qui va continuer à rouler sur la France et l’Europe, une déferlante qui représente le scénario évidemment le plus préoccupant. »
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