Sensation de corps étranger, d’accumulation de mucus au fond du nez ou la gorge, brûlures, picotements, accompagnés de toux, d’hemmage (raclements de gorge) de dysphonie ou d’efforts de déglutition : le jetage postérieur peut être très invalidant et retentir sur la qualité de vie. Ses relations avec la toux sont controversées. La rhinosinusite chronique et le jetage postérieur qui en résulte sont certes une cause fréquente de toux, mais toutes les rhinosinusites chroniques ne s’accompagnent pas d’un jetage postérieur, tous les jetages postérieurs ne s’accompagnent pas de toux ni ne sont en rapport avec une rhinosinusite chronique.
Pharynx irritable
« Ces dernières années ont vu émerger le concept d’hyperréactivité pharyngolaryngée ou pharynx irritable, où la rhinite ou la rhinosinusite pourrait provoquer la toux par le biais du jetage postérieur et la stimulation de récepteurs pharyngolaryngés par les agents irritants du jetage », a rapporté le Pr Elie Serrano.
La stimulation des chémorécepteurs présents au niveau de la margelle laryngée entraînerait un cheminement de l’influx nerveux le long du nerf laryngé supérieur, suivi d’un influx efférent au niveau du nerf récurrent, responsable d’une adduction des cordes vocales et de la toux. Cette hypothèse est appuyée notamment par la mise en évidence d’un taux plus élevé de neuropeptides dans le mucus nasal de patients présentant un jetage postérieur et tousseur que chez les non tousseurs. La toux résulterait ainsi d’une hypersensibilité du système nerveux afférent. Ce syndrome d’hypersensibilité pourrait aussi se manifester dans les suites d’une infection virale des voies aériennes supérieures par une toux d’irritation post-infectieuse.
Pas de relation de cause à effet
Le diagnostic de rhinite ou rhinosinusite chronique, comme le diagnostic étiologique d’un jetage postérieur repose sur l’interrogatoire, l’examen endoscopique et le scanner des sinus. Il n’y a toutefois pas de test spécifique pour le jetage postérieur, ni de moyen de quantifier les sécrétions et l’absence de jetage postérieur visible ne permet pas d’exclure le diagnostic. Il n’existe pas de moyen de prouver la relation de cause à effet entre le jetage et la toux et les tests à la capsaïcine ou à l’acide citrique sont peu contributifs en raison de grandes variabilités interindividuelles.
Le traitement du jetage postérieur est étiologique (rhinosinusite) et symptomatique. Il vise à fluidifier les sécrétions, réduire leur production et faciliter le drainage. Il se fonde sur des conseils d’hygiène (hydratation, lavage des fosses nasales suivi de mouchage) et des traitements symptomatiques tels que mucolytiques, anticholinergiques locaux ou antihistaminiques. « Il est également possible d’avoir recours à des pastilles mentholées, qui donnent de bons résultats par saturation des fibres nerveuses sensitives périphériques », a conclu le Pr Elie Serrano.
D'après une intervention du Pr Elie Serrano, chef du service d’ORL et chirurgie cervico-faciale du CHU de Toulouse au 12e Congrès francophone d'allergologie.
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