L’arrêté de bonnes pratiques d’emploi des antibiotiques vétérinaires, paru le 10 septembre au « Journal officiel », serait-il un texte pour rien ? Jacky Maillet n’est pas loin de le penser. « Ce texte ne dit quasiment rien qui ne soit déjà dit ailleurs, estime le président de l’Association nationale de la pharmacie vétérinaire d’officine (ANPVO). Les autorités veulent montrer qu’elles ont entendu les difficultés du secteur et qu’elles y répondent par un arrêté de bonnes pratiques qui s’impose à tous les acteurs (prescripteurs, dispensateurs et utilisateurs). » Sur la forme, ce texte n’arrive pas par hasard, il est le fruit de la loi d’avenir de l’agriculture, adoptée en octobre 2014, qui prévoyait qu’un arrêté de bonnes pratiques serait publié au « JO » au premier semestre 2015. « Cette promesse d’arrêté avait été comme un gage donné aux organisations professionnelles vétérinaires lorsque la notion de découplage sur les antibiotiques critiques avait été introduite dans le projet de loi », recadre Jacky Maillet.
Prescrire sans voir l’animal ?
Quant au fond, les onze pages de l’arrêté sont surtout des redites. Côté prescription, on y rappelle que le vétérinaire doit prescrire les antibiotiques « après un diagnostic tel que prévu dans le code de déontologie », et que la validité de sa prescription « ne se conçoit que dans un usage immédiat ». Redite ou évidence encore pour ce qui concerne la délivrance, puisque le texte précise que le renouvellement est « à éviter ». Si les « bonnes pratiques » s’apparentent à une compilation sans saveur, certaines dispositions font toutefois grincer les dents des officinaux spécialisés. Tel le cas, clairement décrit, de la prescription hors examen clinique : « le vétérinaire peut prescrire sans examen clinique (...), dans le cadre du suivi sanitaire permanent d’un élevage qui comporte : un bilan sanitaire annuel, un protocole de soins, des visites de suivi et des soins réguliers. » « Prescrire sans voir le malade ? Ceux qui sont un peu critiques y verront sans doute là comme une petite provocation », commente Jacky Maillet. Voilà au moins un point que l’arrêté aurait pu améliorer, dit en substance le président de l’ANPVO, qui estime que les failles du texte sont encore nombreuses. « Que les associations antibiotiques soient non recommandées et l’usage curatif à privilégier n’exclut pas l’utilisation en préventif, ni la métaphylaxie (1) », fait-il par exemple remarquer.
Au cœur de ce long rappel réglementaire, quelques vraies nouveautés retiennent toutefois l’attention. Ainsi, au cabinet du véto, des examens complémentaires sont « préconisés » avant de prescrire. Et, côté comptoir des officines, les inscriptions à l’ordonnancier des antibiotiques vétérinaires dispensés doivent désormais pouvoir faire l’objet d’une extraction en vue d’une déclaration des données de délivrance. Enfin, relève Jacky Maillet, deux nouvelles dispositions s’imposent aux éleveurs et aux propriétaires d’animaux de compagnie. Pour les premiers, la réutilisation d’un reliquat de flacon d’antibiotiques prescrit pour un animal ne pourra être possible qu’après une nouvelle prescription. Cette réutilisation étant purement et simplement interdite aux propriétaires de chiens et chats qui doivent par ailleurs conserver 5 ans, comme les éleveurs, les ordonnances vétérinaires. « Tout cela est parfaitement incontrôlable », se désespère Jacky Maillet.
Le soutien de la profession
Cherchant au-delà des nouvelles « bonnes pratiques », des raisons d’espérer une embellie du secteur, les pharmaciens vétérinaires ont au moins deux cibles dans leur viseur. Le projet de règlement européen d’une part, qui devrait trouver son terme fin 2015 et pourrait limiter les incitations commerciales à prescrire des antibiotiques, et la révision du décret de 2007 d’autre part. Les ministères de la Santé et de l’Agriculture ont en effet missionné l’IGAS (2), début 2015, dans le but d’améliorer le dispositif de prescription hors examen clinique et les conditions de délivrance des médicaments vétérinaires. Le décret dit « prescription et délivrance » des médicaments destinés aux animaux de rente du 24 avril 2007 et le bilan de son application sont au cœur de cette mission qui rendra son rapport à la fin du mois. « Ce que nous souhaitons, c’est que les antibiotiques ne puissent être vendus par les prescripteurs que s’ils ont effectivement vu les animaux malades. C’est l’objet de l’amendement déposé au niveau européen et c’est ce que nous avons dit lorsque nous avons été auditionnés par la mission IGAS dans le cadre de la révision du décret de 2007 ».
Pour les pharmaciens spécialisés, ces évolutions en cours vont clairement dans le bon sens. D’autant qu’ils recueillent désormais le soutien de plusieurs associations de consommateurs françaises et européennes et celui, très appuyé, des syndicats d’officinaux.
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