Importance de la vitamine C dans l’alimentation du cochon d’Inde
Le cobaye, tout comme les primates et l’Homme, ne possède pas l’enzyme impliquée dans la synthèse de l’acide ascorbique à partir du glucose (la L-gulonolactone-oxydase). En revanche les autres rongeurs eux, sont capables de synthétiser la vitamine C. Rappelons au passage que « ascorbique » vient du préfixe grec a (privatif) et de scorbut (maladie humaine causée par la carence en vitamine C), ce qui fait de l’acide ascorbique la vitamine « anti-scorbut ». En conséquence, il est indispensable d’apporter quotidiennement de la vitamine C dans son alimentation.
Le besoin journalier en vitamine C est de 15 à 20 mg/kg chez le cochon d’Inde adulte. Ce besoin est doublé chez le jeune en croissance, et jusqu’à triplé (60 mg/kg/j) chez la femelle gestante ou allaitante ainsi que pendant les phases de maladie.
Rappel de quelques propriétés de la vitamine C
La vitamine C est connue pour son pouvoir antioxydant, qui permet de lutter contre les radicaux libres. Instable en solution aqueuse, elle est sensible à la lumière et l’hydrolyse, et se dégrade rapidement dans l’eau.
Elle participe à la synthèse du collagène (on la trouve notamment dans les produits cosmétiques humains anti-âges pour lutter contre le vieillissement cutané), et intervient dans l’intégrité de la peau, des ligaments articulaires et alvéolo dentaires (LAD). Le LAD riche en collagène de type 1 assure le maintien de la dent dans l’alvéole et la résistance aux pressions exercées sur celle-ci.
Quels sont les signes d’une carence en vitamine C ?
Le déficit en vitamine C constitue un problème de santé majeur chez le cochon d’Inde. Son impact sur le métabolisme du collagène explique en partie les signes cliniques. Chez le jeune, on observe un retard de croissance, des difficultés locomotrices au niveau du train arrière (articulations douloureuses et gonflées) parfois accompagnées de déchaussement dentaire. Chez l’adulte, on note des signes généraux plus frustes (baisse de l’appétit, de la vivacité, apathie), des troubles digestifs et dentaires (malocclusion dentaire, selles molles et malodorantes) ainsi que cutanés (pododermatite).
L’avitaminose C peut être fatale en 3 à 4 semaines.
Le problème c’est que l’excès de vitamine C n’est pas non plus dénué de risques !
Quels sont les signes d’un excès de vitamine C ?
L’excès de vitamine C est exceptionnel lorsque celle-ci provient de l’alimentation. Mais il est possible lors de complémentation en vitamine C inutile, chez un animal recevant une alimentation déjà bien équilibrée. Et là où cela se complique c’est que les signes ressemblent à ceux de la carence avec des pododermatites, des problèmes dentaires, ou d’articulation (arthrose) et enfin des problèmes urinaires si l’alimentation est riche en calcium. De ce fait, il est important de proposer un apport raisonné en vitamine C uniquement chez les animaux dont le régime n’est pas adapté.
Quels conseils donner en pratique aux propriétaires de cochon d’Inde ?
De manière générale, il est important de conseiller un aliment de bonne qualité enrichi en vitamine C spécifique pour cochon d’Inde (les aliments pour autres rongeurs ne sont pas adaptés). Il est préférable de choisir des granulés riches en fibres plutôt que des mélanges de graines pour éviter le tri et limiter les excès de sucres. Le stockage des aliments dans un endroit sec et frais (< 22 °C) réduit les risques de dégradation de la vitamine C.
Certains aliments frais, préalablement lavés, représentent une source naturelle de vitamine C. Toutefois s’ils n’ont jamais été administrés, il est possible que le cochon d’Inde refuse de les consommer. Dans ce cas il faut essayer de les introduire progressivement dans l’alimentation et en petites quantités. Parmi ces légumes citons le poivron rouge ou vert, le persil, le brocoli. Attention toutefois à certains légumes riches en vitamine C et en oxalates de calcium comme les feuilles d’épinards, le chou frisé, la betterave ou la chicorée, car ce mélange peut prédisposer aux calculs urinaires. Les aliments non consommés doivent être retirés pour éviter d’éventuels troubles digestifs.
Un complément quotidien de vitamine C peut aussi être recommandé, dont la dose sera doublée voire triplée selon le stade physiologique — croissance, gestation et lactation (jusqu’à 60 mg/kg/j). Ils sont disponibles sous forme de comprimés (ex. Comprimés de Vitamine C Beaphar) ou de liquides à mélanger à la ration ou l’eau de boisson (ex. : Biocanina Total Vitaminol, Vitamine C Cobaye Virbac). Compte tenu des risques de dégradation rapide de la vitamine C dans l’eau de boisson, il vaut mieux privilégier l’administration orale directe à la seringue.
Le traitement de l’avitaminose C doit être prescrit par un vétérinaire en fonction des signes cliniques présentés. Une fois les signes cliniques résolus, la supplémentation en vitamine C sera poursuivie aux doses de complémentation quotidiennes recommandées ci-avant.
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