Actuellement, mis à part les patients « super-contrôleurs » - comme ceux de la cohorte VISCONTI de l’ANRS, qui sont capables de contrôler l’infection par le VIH lorsque leur traitement est interrompu - les malades séropositifs sont contraints de rester sous antirétroviraux toute leur vie
Mais une découverte présentée vendredi au Symposium annuel sur les modèles primates du SIDA, à la Nouvelle Orléans, et décrite dans le journal « Science », suscite des espoirs jusqu’à présent inégalés.
En travaillant sur des singes infectés par la version simiesque du virus (VIS), une équipe de l’Université d’Emory à Atlanta, a réussi à maintenir une virémie indétectable sur le long terme, malgré l’interruption des traitements antirétroviraux, ceci grâce à l’administration répétée d’un anticorps monoclonal.
« Les résultats nous ont abasourdis tant ils sont spectaculaires », décrit le Dr Anthony Fauci dans « Sciencemag ». Ce dernier, qui dirige l’Institut national américain des maladies allergiques et infectieuses (NIAID), a participé à l’étude. La chercheuse Michaela Muller-Truwin, de l’Institut Pasteur Unité VIH, inflammation et persistance, de Paris, présente au congrès et jointe par le « Quotidien », abonde dans ce sens : « C’est la première fois qu’on voit des résultats pareils donc, pour une fois, c’est justifié d’en faire tout un ramdam ! » estime-t-elle.
Un essai déjà lancé chez l'homme
L’espoir provient également du fait que l’anticorps utilisé, l’anti-α4β7, est couramment utilisé chez l’homme pour traiter certaines affections auto-immunes, comme la maladie de Crohn ou la colite ulcéreuse. Il s’agit du vedolizumab.
Le passage à l’homme est donc concevable et justement, une étude clinique vient d’être mise en route aux NIAID, avec un protocole similaire et portant sur 20 adultes atteints du VIH.
L’étude animale, elle, a porté sur 15 singes. Cinq semaines après l’infection par le SIV, tous ont reçu un cocktail d’ARV pendant trois mois. Un mois après le début ce traitement, huit d’entre eux ont également commencé à recevoir des infusions d’anti-α4β7, toutes les trois semaines jusqu’à la semaine 32. Les sept autres singes, considérés comme des contrôles, ont reçu un anticorps placebo.
Résultats : les huit singes ayant reçu les infusions d’anticorps ont maintenu une charge virale « basse voire indétectable », et un taux de CD4+ normal, pendant 9 mois, malgré l’arrêt des traitements. Par contre chez les singes contrôle, la virémie a rebondi dans les deux semaines suivant l’arrêt des traitements.
« Les singes traités semblent contrôler le virus d’eux-mêmes », conclut l’auteur principal le Dr Ansari de l’Université Emory à Atlanta, qui confie dans le « Sciencemag » n’avoir aucune idée du mécanisme en jeu. « On est revenu dessus plus de dix fois - que diable se passe-t-il dans leur organisme ?
Une protéine attirée par l'intestin
L’intégrine α4β7 est une protéine de surface des cellules CD4+, qui permet aux CD4+ de se loger dans le tube digestif. Mais les cellules riches en α4β7 sont également des cibles préférentielles du VIH et du SIH. Lors de l’infection, les CD4+ du tube digestif sont donc détruites très précocement.
« Les chercheurs pensaient qu’ajouter l’anti-α4β7 allait bloquer la réplication du virus dans les CD4+, mais apparemment ce n’est pas le cas, il y en a même davantage qu’avant. Donc il semblerait que le traitement ait induit une réponse immunitaire anti-virale et peut être aussi bloqué la migration d’autres cellules, qui pourraient contribuer à l’inflammation et la rupture de la barrière intestinale », suggère Michaela Muller-Truwin, qui insiste sur la similitude des effets avec ceux observés chez les patients de la cohorte VISCONTI. « Ça pourrait être le même mécanisme qui est en jeu… mais là, c’est spéculatif. »
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