Répulsif

La tactique du zèbre

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Publié le 21/01/2019
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On le sait - sans doute avez-vous même déjà lu ce conseil dans nos pages -, en zone d'infestation, porter des habits clairs permet de limiter l'attaque des moustiques. De la même façon, les piqûres de taon (qui sont en fait des morsures) pourraient être évitées par le port d'un vêtement au motif particulier : la zébrure. Une étude publiée mercredi dernier dans la revue « Royal Society Open Science » aboutit en tout cas à cet étonnant conseil de garde-robe. L'essai de Gabor Horvath, chercheur à l'université Eotvos Lorand de Budapest, s'appuie sur d'autres travaux datant de 2014 montrant qu'en se recouvrant de rayures, le zèbre aurait trouvé le moyen d'éloigner les taons. La robe rayée de l'équidé inspire depuis longtemps la communauté scientifique, pas avare d'hypothèses. La protection à l'égard des insectes tient désormais la corde. Mais pour le chercheur hongrois, les bandes blanches dont se recouvrent, à certaines occasions, des communautés de Nouvelle-Guinée, de Papouasie, d'Afrique ou d'Australie pourraient avoir un effet similaire. Pour le vérifier, il a exposé aux insectes en quête de sang trois mannequins humains en plastique, l'un brun foncé, l'autre brun foncé mais avec des rayures blanches et un dernier beige clair. Résultat ? Après plusieurs semaines d'exposition, le modèle brun avait été « piqué » dix fois plus que le modèle brun à rayures blanches. Quant au modèle beige, qui servait de témoin, il avait attiré deux fois plus de taons que le modèle brun à rayures. Les chercheurs en ont conclu que les bandes blanches, en diminuant la polarisation de la lumière réfléchie par le corps humain, le rendaient moins appétissant aux taons. De là à penser que les populations adeptes du body painting ne le pratiquent pas seulement pour des raisons sociales et culturelles, mais pour se protéger des piqûres, il n'y a qu'un pas, que les chercheurs hésitent encore à franchir… Tactique du zèbre et peintures rituelles, peut-on parler de co-évolution ?

Avec l'AFP

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3488