Le Quotidien du pharmacien. Certains officinaux font le choix de se spécialiser en pharmacie vétérinaire par le biais de la formation continue. Quelle vision en avez-vous ?
Florence Almosni-Le Sueur. Comme les vétérinaires, les pharmaciens ont une formation scientifique et sont un ayant droit du médicament. Pour qu’ils puissent conseiller des médicaments sans ordonnance à des propriétaires d’animaux, il leur faut une base de connaissances, la formation est donc essentielle. L’une des particularités pour le pharmacien sera de discuter avec le propriétaire sans rencontrer l’animal, animal qui, de toute façon, ne peut expliquer ses besoins. On peut comparer la situation à celle d’un nourrisson qui ne peut s’exprimer. Se spécialiser en pharmacie vétérinaire est donc une très bonne démarche pour éviter de donner le mauvais médicament à la mauvaise espèce, à la mauvaise posologie et au mauvais moment. Attention, cette spécialisation ne doit pas conduire le pharmacien à pratiquer la médecine vétérinaire et à délivrer des médicaments de prescription obligatoire sans ordonnance.
Quels conseils donneriez-vous à des officinaux souhaitant s’impliquer en santé animale ?
La formation est la base. Comme en médecine humaine, le pharmacien doit savoir repérer les situations où une orientation vers le médecin, en l’occurrence le vétérinaire, est nécessaire. Il doit connaître la plupart des pathologies et être incollable en parasitologie, il doit comprendre comment le médicament fonctionne et à quel animal il est destiné. Il faut suivre la règle des quatre P : reconnaître la pathologie, cibler le propriétaire, savoir qui est le patient et connaître parfaitement le produit délivré. On ne prodigue pas les mêmes conseils antiparasitaires à une personne âgée dont le chat ne sort pas, à une famille qui a des enfants en bas âge, à un couple qui a un chien et neuf chats et à un chasseur dont le chien va souvent en forêt. N’oublions pas que certains antiparasitaires pour chien sont toxiques pour le chat. Enfin, le respect de la loi est primordial. Par exemple, le pharmacien ne doit pas procéder à un renouvellement si l’ordonnance ne le spécifie pas ou si elle date de plus d’un an.
Comme en médecine humaine, la coordination entre vétérinaire et pharmacien devrait-elle être un objectif ?
À l’époque où j’exerçais en cabinet, les médicaments vétérinaires étaient moins nombreux, nous prescrivions donc souvent des médicaments humains, ce qui engendrait des échanges soutenus avec les pharmacies alentour. C’est essentiel car nous devons tous avoir le même discours cohérent auprès du propriétaire. Les pharmaciens doivent savoir expliquer à nouveau le traitement prescrit, donner des conseils. Les pharmaciens, comme les vétérinaires, doivent connaître parfaitement les modalités et fréquence d’application, la rémanence du produit, les risques chez certaines espèces, les risques pour l’homme. Je sais bien qu’il existe des tensions entre pharmaciens et vétérinaires. C’est dommage car nous pouvons travailler ensemble en bonne entente. En France, un foyer sur deux possède un animal de compagnie, cela signifie que la moitié des personnes qui entrent spontanément dans une officine est concernée. L’intérêt pour la santé animale peut donc être un investissement pour le pharmacien. Rien qu’en parasitologie, avec les risques de transmission vectorielle de maladie et de contagion pour l’homme, les conseils et la prévention sont essentiels.
* Auteure notamment du « Guide du conseil vétérinaire à l’officine » paru en 2013 aux éditions Med’Com.
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