Épizootie à influenza aviaire

Existe-t-il un risque pour l'homme ?

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Publié le 02/02/2021
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Alors que nous sommes confrontés au coronavirus d’origine animale, l’épizootie  d’influenza aviaire qui sévit actuellement en particulier dans les Landes et le Gers peut donner lieu à des inquiétudes. En effet, nombreux sont les journaux qui mentionnent les ravages de l’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène dans les élevages… ce qui ramène à nos souvenirs l’épidémie de grippe aviaire H5N1 apparue en 2005. Faisons donc un point sur la situation actuelle.
Un virus hautement pathogène pour les oiseaux, mais pas pour l'homme

Un virus hautement pathogène pour les oiseaux, mais pas pour l'homme
Crédit photo : BURGER/PHANIE

L’influenza aviaire est une affection très contagieuse des oiseaux sauvages et d’élevage se manifestant par des symptômes très divers (respiratoires, digestifs, nerveux…).

Elle s’observe lors de la migration vers le sud des oiseaux sauvages (donc en hiver, comme la grippe !). Elle est provoquée par différentes souches virales dont certaines seulement présentent des caractéristiques de transmission à l’homme (comme la souche H5N1). Le terme de grippe aviaire désigne uniquement la maladie humaine provoquée par certains virus influenza aviaires ayant un potentiel zoonotique. L’épizootie qui sévit actuellement en France est provoquée par un virus hautement pathogène (pour les oiseaux) de type H5N8, qui comme le rappelle le ministère de l’agriculture atteint exclusivement les oiseaux.

Protéger la filière avicole

Cette épizootie, qui est arrivée sur notre territoire suite à la migration d’oiseaux sauvages infectés entraîne une très forte mortalité au sein des volailles d’élevage. La transmission, extrêmement rapide entre les oiseaux d’un même élevage (par contact direct) ou d’élevages voisins (par contact indirect via du matériel contaminé), entraîne des pertes économiques considérables. En raison de l’absence de traitement ou de vaccin (ou d’autres traitements préventifs), le seul moyen de lutte contre la propagation du virus consiste en l’abattage préventif de tous les oiseaux d’élevage dans un rayon de 1 km autour d’un foyer confirmé, et de tous les palmipèdes et oiseaux d’élevage non confinés dans un rayon de 4 km supplémentaire. Ces mesures drastiques ne sont pas prises pour éviter la propagation à l’homme mais bien pour éviter la propagation de l’épizootie à toute la filière avicole.

Aujourd’hui l’épizootie progresse très rapidement dans les Landes et le Gers, en particulier dans les élevages de canards et d’oies et les pertes subies par les éleveurs risquent d’impacter lourdement la filière (déjà très touchée en 2017). Malgré toutes les mesures mises en place, on recense au 22 janvier, 365 foyers dans les élevages du Sud-Ouest, ce qui représente déjà une perte très préoccupante pour ces éleveurs.

Pas de risque alimentaire

Peut-on continuer à consommer des produits issus de l’élevage aviaire (œufs, volaille, foie gras) ? La réponse est oui. Encore une fois le virus actuel de type H5N8 n’est pas contagieux pour l’homme et il n’y a aucun risque à consommer des produits issus des élevages contrôlés de la filière volaille. De nombreuses mesures, en plus de l’abattage, ont été mises en œuvre sur le territoire depuis novembre dernier pour limiter la propagation du virus. En particulier les volailles ont été confinées ou protégées par un filet avec réduction des parcours extérieurs et les rassemblements d’oiseaux ont été interdits. Si la filière est durement touchée, il ne faut pas céder à la psychose d’une autre zoonose virale ni faire l’amalgame avec le Covid-19. Toutes les maladies virales animales ne se transmettent pas à l’homme, heureusement pour nous !

Dr Vet. Florence Almosni-Le Sueur

Source : Le Quotidien du Pharmacien