1- Les chenilles processionnaires du pin, se trouvent-elles, comme leur nom le suggère, surtout dans le Sud, le centre et l’Ouest (là où il y a des pins) ?
Non ! Thaumetopoea pityocampa (ou chenille processionnaire du pin) a malheureusement largement étendu son territoire à tout l’hexagone et s’est adapté à tous les climats de notre pays. Les processions ont lieu de janvier (climat méditerranéen) à mai (climat continental). Attention dans les climats océaniques, une seconde vague de procession, d’octobre à novembre, peut s’observer parfois. Quant à son homologue du chêne (Thaumetopoea processionea) elle vit plutôt dans la moitié nord de la France, d’Ouest en Est, y compris dans la région parisienne. Son territoire s’étend peu à peu vers le sud. Les processions sont aussi un peu plus tardives, d’avril à juin.
2- Pourquoi leur territoire s’est-il étendu ?
Les L4 tissent leur nid d’hiver en soie au sommet de l’arbre. Ce dernier orienté vers le sud, capte les radiations solaires et permet le maintien d’une température plus élevée qu’à l’extérieur (atteignant parfois 20° !). Les L4 et L5 n’en sortent que la nuit pour manger à deux conditions : la température minimale durant la journée doit être de 9 °C, la température de l’air ne doit pas être inférieure à 0 °C pour la sortie nocturne. De ce fait, le réchauffement climatique a eu un fort impact dans le développement des L4. D’autre part la L5 quitte le nid et descend en processions le long du tronc puis sur le sol, afin de s’enfouir. Les chrysalides sont dans la terre au pied de l’arbre. L’abattage et le transport des pins sur de longues distances ont joué également un grand rôle dans la dispersion de leur habitat.
3- Pourquoi est-il important de savoir les différencier des autres chenilles ?
Pour plusieurs raisons. Premièrement ce sont des ravageurs des pins ou des chênaies. T. pityocampa est une des rares espèces à se nourrir des aiguilles du pin et du cèdre (une colonie pouvant ingérer près de 2 kg d’aiguilles), ce qui provoque d’importantes défoliations et fragilise l’arbre. T. processionea quant à elle se nourrit au crépuscule des premières feuilles apparaissant sur le chêne, mangeant parfois les deux premières pousses de l’année lors de pullulation. Les arbres, affaiblis sont alors plus sensibles aux attaques parasitaires.
Deuxièmement, elles portent des soies urticantes qui peuvent occasionner des symptômes chez l’Homme, mais surtout chez l’animal.
Un moyen de les différencier des autres chenilles non urticantes réside dans leur mode de déplacement en processions, visibles sur les troncs mais surtout sur le sol lorsqu’elles recherchent l’endroit idéal où s’enterrer avant de se transformer en chrysalide. Ces files indiennes menées par une femelle peuvent comporter une centaine d’individus, dont la tête est accolée à l’extrémité postérieure de la chenille précédente.
4- Ces chenilles sont-elles des prédatrices qui attaquent, piquent ou mordent l’Homme ou les animaux ?
Non. En fait, ce ne sont pas les chenilles elles-mêmes qui sont dangereuses mais les soies qu’elles portent. Entre le stade L1 et le stade L5, leur corps se recouvre peu à peu d’une très grande quantité de soies. Les L5 en sont totalement recouvertes (sauf leur partie ventrale). Certaines soies disposées sur des plaques, appelées miroirs, contiennent un mélange d’un grand nombre de substances allergéniques produites par une glande urticante hypodermique. Parmi elles, la thaumétopoéine, spécifique de ces chenilles, est particulièrement urticante : elle entraîne une dégranulation des mastocytes, une libération d’histamine et une réaction inflammatoire.
5- Un contact étroit avec une chenille est-il nécessaire pour présenter des symptômes ?
Non. Les soies représentent une « protection » des nids et des larves vis-à-vis des prédateurs. Elles se détachent facilement dès que la chenille se sent menacée. Lorsqu’elles sont libérées elles sont facilement transportées par le vent parfois sur une dizaine de kilomètres. Comme elles ressemblent à de minuscules petits harpons, elles s’accrochent aux vêtements, aux semelles, aux poils puis se cassent facilement par frottement, libérant alors la thaumétopoéine. Il n’est donc pas nécessaire d’être en contact direct avec une chenille pour ressentir des symptômes. De même, les nids d’hiver (ou bourses, facilement reconnaissables au sommet des pins) contiennent une grande quantité de ces soies qui restent urticantes longtemps après la période de procession, ce qui explique la persistance des symptômes chez les personnes sensibles.
6- Quels sont les symptômes chez l’Homme ? Est-ce grave ?
Selon un rapport de l’Anses, moins de 5 % des cas sont de gravité moyenne et concernent surtout les atteintes oculaires.
Les soies, minuscules, se dispersent très facilement par grattage, par la sueur, le frottement, les vêtements. L’Homme peut présenter des irritations cutanées, très prurigineuses et douloureuses (un peu comme une piqûre d’ortie), des conjonctivites, une irritation respiratoire en cas d’inhalation, de l’hypersalivation en cas d’ingestion des soies.
7- Quels sont les symptômes chez l’animal ? Est-ce grave ?
Contrairement à l’Homme, chez l’animal il s’agit souvent d’une urgence vitale.
L’atteinte est surtout très fréquente chez le chien, mais peut toucher également le chat et le cheval. Les symptômes peuvent être plus ou moins importants en fonction de la zone entrée en contact. Malheureusement beaucoup de chiens curieux lèchent, voire mettent des chenilles dans leur gueule. Quant aux chevaux ils peuvent les ingérer en broutant l’herbe. Il en résulte des difficultés de déglutition, une hypersalivation, un gonflement très important de la langue, des vomissements, un frottement des yeux ou d’importantes réactions cutanées chez les chevaux se reposant sous des pins. Lorsque l’atteinte est importante, la langue peut se nécroser et doit être amputée. Si l’animal perd plus de la moitié de sa langue, il est condamné.
8- Quels sont les gestes à faire si mon animal a été en contact avec une chenille processionnaire ?
La première chose à faire est de mettre des gants et des lunettes pour éviter de présenter soi-même des symptômes !
Il faut éviter que son animal se gratte, se frotte… car il disperse les soies efficacement et entretient ainsi les symptômes.
Il faut rincer les parties atteintes (à l’eau pour les yeux, avec un shampooing pour la peau, à l’eau froide pour la gueule). Et surtout il faut
Amener de toute urgence l’animal chez le vétérinaire. Sa vie en dépend.
9- Quels sont les gestes à éviter ?
· Ne pas chercher à éliminer les nids tout seul car ils contiennent une grande quantité de soie : prévenir la mairie.
· Ne pas s’installer sous des arbres contenant des nids.
· Ne pas faire sécher du linge à l’extérieur s’il y a des nids à proximité.
· Ne pas écraser les processions de chenilles : cela libérerait une grande quantité de soies qui se fixeraient sur les chaussures, vêtements… et seraient transportées facilement.
10- Quelles sont les mesures de prévention ?
· Placer des nichoirs à mésanges, oiseaux friands des chenilles processionnaires. (Les chauves-souris aussi, mais c’est peut-être moins prudent !)
· Dans les zones où des nids sont présents : se promener avec des vêtements couvrants et ne pas se frotter les yeux…
· Les villes disposent de programmes de protection menés par des professionnels : pièges à papillon (contenant des phéromones attirant les mâles), pièges à chenilles, destruction des nids, plantation d’autres arbres près des forêts de pins (feuillus, bouleaux…).
Les points clés de la prévention
- La meilleure prévention est d’éviter, autant que faire se peut, les chenilles processionnaires !
- Si vous les voyez, écartez-vous rapidement ;
- Maintenez les chiens en laisse ;
- Regardez bien au sommet des arbres pour ne pas vous promener là où elles se trouvent !
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques