Il existe deux traitements non commercialisés en France et en Europe dont les « résultats sont aujourd’hui incontestables ». Il s’agit des anticorps monoclonaux lecanemab (ou Leqembi, laboratoires Esai/Biogen) et donanemab (Lilly), a déclaré le Dr Rémy Genthon.
Ces deux traitements agissent sur la progression de la maladie dans sa phase débutante, lors de l’apparition des premiers symptômes. Ils permettent un ralentissement du déclin cognitif et fonctionnel chez les patients. Le lecanemab a obtenu une autorisation complète en juillet 2023 aux États-Unis par la Food and Drug Administration (FDA). « Nous pouvons raisonnablement espérer une approbation par l'Agence européenne des médicaments (EMA) au premier trimestre 2024, suivie d’une mise sur le marché », a estimé le Dr Genthon. En France, la « décision d’autorisation et sa commercialisation pourraient être un peu plus longue du fait des négociations de prix qui peuvent parfois durer un an », a-t-il précisé.
« Nettoyage » des plaques amyloïdes
En ce qui concerne le donanemab, il n’est « pas encore autorisé aux États-Unis mais le dossier est en cours d’examen et je pense que ce sera fait d’ici à la fin de cette année », a expliqué le Dr Genthon. Ces deux traitements agissent contre la maladie d’Alzheimer « en nettoyant » les plaques amyloïdes, a expliqué le Dr Genthon. La maladie se caractérise notamment par une agrégation de protéines bêta-amyloïde dans le cerveau. Celles-ci s'accumulent entre les cellules cérébrales pour former des dépôts : les plaques amyloïdes. Le lecanemab et le donanemab entraînent une baisse considérable de la charge amyloïde au sein du cerveau et donc un ralentissement de la progression de la maladie. Ils permettent une amélioration perceptible sur la capacité d’autonomie du patient dans la vie quotidienne. « Les effets des traitements sont même visibles par l’entourage de la personne en ce qui concerne sa capacité d’autonomie », a-t-il assuré.
Pour l’instant, l’administration de ces anticorps se fait uniquement par perfusion car les « protéines contenues dans les deux traitements passent mal par le système digestif », a-t-il précisé.
D’après des données cliniques présentées par le Dr Genthon, les deux anticorps permettent en moyenne un freinage de 30 % de la vitesse de dégradation de la maladie sur une période d’observation de 18 mois. Plus précisément, ce ralentissement est de 27 % pour le lecanemab et de 36 % pour le donanemab, « même s’il est difficile de faire une comparaison directe car les patients sont un petit peu différents selon les études ». Cependant, « l’intensité d’efficacité des deux traitements est inférieure à ce qui initialement espéré ».
Des effets secondaires à anticiper
Si ces traitements sont globalement efficaces, ils s’accompagnent « malheureusement d’effets indésirables », a poursuivi le Dr Genthon. Ces effets sont consécutifs à l’activité de ces produits. En se fixant aux plaques amyloïdes et en les nettoyant, ces molécules entraînent parfois des « réactions inflammatoires excessives » pouvant provoquer des œdèmes et des petits saignements.
Il y a donc un risque à utiliser le lecanemab et le donanemab. Il sera nécessaire de bien « identifier en amont les patients présentant le moins de risques possibles de complications », a-t-il insisté. Il existe bien un troisième anticorps monoclonal permettant de freiner la progression de la maladie d’Alzheimer, les « preuves de son efficacité sont un peu moins convaincantes », a précisé le Dr Genthon. Il s’agit de l’aducanumab (ou Aduhelm, laboratoire Biogen) approuvé en juin 2021 aux États-Unis mais qui a depuis été l’objet de controverses.
(EXE)
Le lecanemab et le donanemab entraînent une baisse considérable de la charge amyloïde au sein du cerveau
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