L’avis tant attendu de l’Agence européenne du médicament (EMA) sur le vaccin anti-Covid de Janssen-Cilag a été rendu hier à 17 heures. Mais il n’a pas été suivi d’un concert d’annonces des États membres sur leur stratégie vaccinale, comme cela s’était produit quelques semaines plus tôt pour le vaccin d’AstraZeneca, pourtant dans une situation similaire. À l’exception notable de l’Italie.
L’EMA a donné son feu vert hier à l’utilisation du vaccin Janssen pour la campagne vaccinale européenne contre le Covid-19, reconnaissant un lien possible entre de très rares cas de thromboses atypiques et l’administration de ce vaccin, mais insistant sur ses bénéfices face à la pandémie, largement supérieurs aux risques. Dans un communiqué diffusé juste avant la présentation de son avis, l’instance indique que les huit cas de thromboses atypiques survenus aux États-Unis parmi plus de 7 millions de personnes vaccinées, concernent majoritairement des femmes de moins de 60 ans. Elle précise quelques minutes plus tard, lors d’un échange avec les journalistes, que ces huit cas, dont un fatal, concernent des personnes âgées de 18 à 49 ans et que les événements indésirables décrits, qui surviennent dans les trois semaines après vaccination, sont très semblables aux thromboses atypiques observées dans de rares cas après l’utilisation du vaccin AstraZeneca.
Dans la foulée de l’avis de l’EMA, l’Italie a annoncé mardi soir qu’elle approuvait le vaccin Janssen qu’elle juge comme « définitivement sûr ». Le conseiller scientifique du gouvernement italien, Franco Locatelli précise qu'il « devrait être de préférence administré à des personnes de plus de 60 ans », ainsi qu'aux personnes à risque de Covid grave, soit les mêmes recommandations qu’elle applique pour le vaccin AstraZeneca. C’est le seul pays européen à s’être exprimé, pour le moment, sur la stratégie appliquée au vaccin Janssen. En France, l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) est attendu d’ici à la fin de la semaine, tout comme la décision de l’Agence américaine du médicament (FDA) pour les États-Unis, où l’utilisation du vaccin est aussi suspendue.
Par ailleurs, l’EMA a annoncé une actualisation, d’ici quelques jours, des données concernant les événements thromboemboliques rares rapportés après vaccination avec l’AstraZeneca. Elle a précisé que ce type de thromboses atypiques a fait l’objet de 287 signalements dans le monde avec AstraZeneca, dont 142 en Europe. L’EMA ajoute que 25 cas ont été rapportés avec Pfizer et 5 avec Moderna, mais que ces signaux sont très faibles au vu de la très large administration de ces vaccins. Alors que le Danemark a pour le moment abandonné l’utilisation d’AstraZeneca, il a annoncé hier « prêter » 55 000 de ses 200 000 doses en stock aux régions frontalières allemandes (où il est réservé aux plus de 60 ans) à la demande du Land du Schleswig-Holstein. À noter que le Québec a décidé hier d’élargir la vaccination avec AstraZeneca aux plus de 45 ans (et non plus 55 ans). C’est la cinquième province au Canada depuis dimanche à abaisser l'âge pour recevoir ce vaccin : l'Ontario, la Colombie-Britannique, l'Alberta et le Manitoba le proposent aux plus de 40 ans.
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