Le Quotidien du pharmacien.- Après quatre longues années d’absence, l’UNPF annonce son retour sur les devants de la scène syndicale. Quelles en sont les raisons ?
Jean-Luc Fournival.- Cette absence a été stratégique. Après avoir perdu aux élections des URPS de 2015, il a fallu nous reconstruire. Assumer notre échec, en analyser les raisons, en un mot, il a fallu nous consolider autant de manière extérieure, en termes d’image notamment, qu’en interne, refonder nos structures économiques, financières, ainsi que nos structures administratives que nous avons simplifiées. Nous avons su apprendre de nos erreurs qui, je le rappelle, ont été des erreurs de communication, que je reconnais, et non des erreurs stratégiques, puisque l’histoire nous a donné raison.
Vous faites allusion au fameux chapitre de votre livre blanc sur l’ouverture du capital ?
Jean-Luc Fournival.- Oui, tout à fait. Le terme était mal choisi et notre initiative a, par conséquent, été mal interprétée. Il s’agissait de créer une structure éthique permettant aux adjoints et aux étudiants de s’installer. Cinq ans plus tard, la création de PharmEquity*, que nous avons soutenue avec la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), montre que nous ne nous étions pas trompés sur nos intentions.
L’UNPF de 2020 ressemble-t-elle au syndicat de 2015 ?
Jean-Luc Fournival.- Le renouveau de l’UNPF est acté par l’élection d’un nouveau bureau et d’un nouveau président, Christophe Le Gall. Un choix historique porté par l’ancien bureau et qui correspond à notre image et à nos valeurs. Pour être plus tonique et retrouver des adhérents, nous allons aussi être très présents sur les réseaux sociaux. Nous avons décidé d’évoluer et de nous ouvrir à toute la profession, c’est-à-dire aux adjoints et aux étudiants. Il faut avoir l’intelligence d’intégrer dans notre réflexion ce qu’ils pensent de l’avenir de la profession et de leur permettre de le porter au vote. Il s’agit d’une autre vision du syndicalisme que nous offrons aujourd’hui. Une troisième voie avec un troisième acteur dans le paysage syndical de la profession.
Envisagez-vous de devenir un syndicat de services ?
Jean-Luc Fournival.- Non, pas du tout. Il y a les groupements pour cela et ils le font très bien. Notre syndicat est là pour faire de la politique et amener la profession sur la bonne voie, c’est-à-dire lui permettre de travailler dans cinq et dix ans, et surtout amener des jeunes dans le réseau. Aujourd’hui, 60 % d’entre eux ne veulent pas s’installer mais avoir un projet de carrière avec une vraie progression. Les autres veulent devenir chef d’entreprise. C’est à ces conceptions-là du métier que nous allons travailler. À permettre à chacun de se spécialiser selon ses projets. Le pharmacien clinicien d’un côté, qui aura un projet de carrière, et de l'autre, le pharmacien stratégique qui va investir dans un réseau. Mais au final, cette vision économique profitera à tout le monde.
Christophe Le Gall.- La profession a changé depuis cinq ans. La naissance de PharmEquity est une victoire pour l’UNPF car elle donne raison à sa vision. Notre tort est d’avoir eu raison trop tôt. L’UNPF a été visionnaire. Ce qui se passe aujourd’hui est écrit dans le livre blanc. L’avenir est aux réseaux qui intègrent les petites pharmacies aux côtés des grandes structures. En présence de sujets récurrents comme la PDA, ou d’actualité comme le renouveau de la préparation face aux médicaments en rupture, il faut que nous puissions répondre par les réseaux. Il faut que nous fassions la paix entre les officines. La force n’est pas tant dans la taille de la pharmacie que dans la pratique du pharmacien.
De quelle pratique s’agit-il ?
Christophe Le Gall.- Il faut se battre pour les petites officines et ne pas entretenir l’opposition, ni les clivages, Nous devons donner la possibilité aux petites structures de développer les services, la vaccination, le dépistage, car ils sont générateurs de flux. Il faut également demander une indemnité « nouvelle mission » pour les petites officines car la mise en place est plus coûteuse et difficile. Pour la première fois depuis longtemps dans les facs, les jeunes optent de nouveau pour la filière officine, non pas par défaut mais par choix. La création de réseaux doit contribuer à rendre le maillage officinal et la profession plus forts. La gestion de la crise sanitaire, qui a impliqué que les pharmaciens trouvent des masques et des tests par exemple, a démontré combien il était important que le pharmacien ne reste pas isolé.
Pour autant, l’UNPF, n’étant pas un syndicat représentatif, ne pourra s’engager dans la campagne électorale aux URPS du printemps prochain. Est-ce un handicap pour vous ?
Christophe Le Gall.- Non, car nous avons cinq années devant nous pour optimiser nos chances de réussite dans cinq ans ! Et, avantage de taille, pendant toute cette période nous allons conserver notre liberté de parole !
Vous avez cependant affiché ouvertement un rapprochement avec la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) en soutenant, avec elle, PharmEquity. Est-ce à dire que vous faites cause commune ?
Jean-Luc Fournival.- En aucun cas il ne s’agit de tendre la main à la FSPF, même si historiquement nous avons toujours été proches de ce syndicat. Nous entretenons une relation de confiance mais chacun conserve son ADN. Cela n’exclut pas que nous puissions conclure une alliance temporaire sur les grands sujets de la profession. Ainsi, nous avons, avec la FSPF, une véritable concertation sur les dossiers prépondérants et nous partageons une vision commune du syndicalisme de demain. Notre profession a en effet besoin d’une consolidation de nos objectifs face aux organismes de tutelles. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne la réforme de la rémunération. Une unité syndicale est nécessaire pour trouver une stratégie commune en la matière. Il en va de la viabilité du réseau officinal. Il faut désormais que nous puissions dépasser nos egos pour penser à l’intérêt général. Il n’empêche, dans quatre ans, l’UNPF retrouvera son référencement au sein de la profession. Et toute sa visibilité !
*Un modèle de financement participatif, créé par la profession pour la profession, qui propose aux titulaires de faire fructifier leur épargne en aidant des jeunes à s’installer.
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