Le Leem (Les Entreprises du médicament) lance un plan d’action pour réduire la polymédication, avec une campagne dans la presse et à la télévision, et un dispositif d’accompagnement des médecins. Des actions qui font écho aux objectifs de sobriété médicamenteuse voulus par les autorités de santé.
En matière de sobriété médicamenteuse, il restait à impliquer les patients. C’est ce que compte faire le Leem (Les Entreprises du médicament) en lançant, dès juin, une campagne de communication (presse régionale et presse nationale, télévision, réseaux sociaux) à destination des personnes âgées, souvent polymédiquées, et leurs médecins pour les sensibiliser à la révision de l’ordonnance et à la déprescription médicamenteuse. Sous les slogans « Réduisons le volume » ou « - de médicaments, c’est médicamieux », la campagne vise les 65 ans et plus qui prennent plus de 5 médicaments par jour afin de les inciter à « demander à [leur] médecin ou à [leur] pharmacien si [ils peuvent] en prendre moins ».
Selon la Caisse nationale de l’assurance-maladie (CNAM), 1 personne sur 2 âgée de 65 ans ou plus est en situation de polymédication (plus de 5 molécules délivrées au moins 3 fois dans l’année) et 14 % en situation d’hyperpolymédication (plus de 10 molécules délivrées au moins 3 fois dans l’année). D’ailleurs, selon un sondage Odoxa pour le Leem réalisé début mai, 69 % des plus de 65 ans prenant plus de 5 médicaments par jour trouvent « qu’ils en prennent trop ». « On estime que les interactions médicamenteuses conduisent à 200 000 hospitalisations chaque année et représentent quelques milliers de décès par an », rappelle Thierry Hulot, président du Leem. « Au-delà de 5 molécules, c’est la pharmacocinétique qui change », ajoute Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre des pharmaciens. Or en France, « 80 % des consultations donnent lieu à la prescription d’un médicament », comptabilise le Dr Paul Frappé, médecin généraliste et président de Collège de la médecine générale. Contre moins de 50 % aux Pays-Bas. « Il faut changer la vision médicamenteuse française, mais il est difficile de changer les habitudes », explique le Dr Élise Cabanes, gériatre et fondatrice de la plateforme de prise en charge médicalisée et sécurisée Epoca.
Pour accompagner les médecins dans la démarche de sobriété médicamenteuse, le Leem propose un programme dense : 6 newsletters numériques dès ce mois de juin et sur 12 mois, des visiteurs médicaux chargés de « véhiculer un message de santé publique » et des formations en ligne. Le Leem finance aussi l’introduction de notifications sur les logiciels d’aide à la prescription de 22 000 médecins généralistes.
« Les entreprises ont un intérêt légitime à favoriser la valeur thérapeutique en vie réelle des médicaments qu’elles conçoivent dont le bon usage est une condition majeure », indique encore le Leem, qui s’est engagé dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2024 à financer des programmes d’action sur le bon usage du médicament. Estimation des économies réalisées pour l’assurance-maladie : 300 millions d’euros. Et ce n’est qu’un début : pour 2025, le Leem envisage de compléter son programme avec la lutte contre l’antibiorésistance et la lutte contre le gaspillage.
Des sujets qui viennent justement d’être inscrits dans les conventions médicale et pharmaceutique, notamment à travers la relance des bilans partagés de médication.
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