Le ministère de la Santé annonce la généralisation dès le début de la semaine prochaine de la pratique du test sérologique avant toute primo-vaccination contre le Covid-19. Les livraisons de tests sont en cours dans les centres de vaccination. À terme, cette pratique sera aussi systématique en ville. Les conditions de réalisation réclament cependant des précisions.
Suivant les recommandations de la Haute Autorité de santé, le gouvernement a mené une expérimentation dans deux centres de vaccination, à l’Hôtel-Dieu (Paris) et au stade de Gerland (Lyon), pour mesurer l’utilité du TROD sérologique avant vaccination. Les résultats préliminaires confirment son utilité : 20 à 25 % des personnes sont détectées positives, dont 15 % avaient une preuve d’infection passée avant de réaliser le test, et ont donc été orientées vers un schéma vaccinal complet en une seule injection. Une expérimentation flash va également être réalisée dans un centre de vaccination de Seine-Maritime (Barentin), mais il est déjà acquis que la pratique du TROD avant la primovaccination va se généraliser. Les livraisons sont d’ailleurs en cours vers les centres de vaccination pour un début d’utilisation dès la semaine prochaine.
Et en ville ? « Des travaux sont en cours pour permettre aux professionnels de santé de ville d’embrayer sur cette méthode, tous les vaccinateurs seront invités à la mettre en œuvre », précise le ministère de la Santé. Sauf que, pour l'heure, les professionnels de santé n'ont pas été informés des conditions de réalisation de ces tests, ni des modalités de prise en charge. Les pharmaciens, censés être au cœur du dispositif, n'ont reçu à ce jour aucune précision. Si ce n'est le montant de la rémunération – deux euros — qui leur a été indiquée par l'assurance-maladie en fin de semaine dernière.
Les syndicats, comme les groupements, ont rejeté en bloc ce tarif, jugé inadmissible. Les représentants de la profession ont fait savoir qu'ils n'iraient pas en deçà de 10 euros pour réaliser des tests sérologiques, qu'ils vendent actuellement entre 15 et 20 euros. « Le tarif annoncé par l'assurance-maladie est un camouflet pour la profession. Soit l'assurance-maladie se moque de nous ou elle n'a pas conscience du travail que nous réalisons », déplore Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Regrettant qu'aucune négociation ne soit possible puisque la réalisation de ces tests sérologiques en primo-injection fera l'objet d'un arrêté, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), dénonce, au-delà du tarif émis par l'assurance-maladie, le flou dans lequel est maintenue la profession. « Nous ne savons même pas si nous devrons distribuer ces tests aux médecins et aux infirmiers », déclare-t-il.
De leur côté, les groupements sont très remontés contre les propositions de l'assurance-maladie. « Il n'est pas question de manipuler du sang pour deux euros, dans ces conditions, nous ne le ferons pas ! », annonce Laurent Filoche, président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO).
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