Épisode 220.

Tout en contraste

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Publié le 15/02/2024
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La vie reprend normalement à la Pharmacie du Marché, quelques jours après le cambriolage. À une semaine de sa soutenance de thèse, Théo est de plus en plus nerveux.

- Du Cortancul, tu sais ce que c’est ?, demande Maëlys à Alice.

- Du Cortancyl.

- Non non, du Cortancul. C’est écrit Cortancul sur l’ordonnance.

Alice regarde l’apprentie dans les yeux.

- Maëlys, c’est juste une faute de frappe. Il faut lire Cortancyl.

Maëlys hausse les épaules.

- Maëlys, regarde le reste de l’ordonnance ! Tu vois bien que c’est cohérent de prescrire de la cortisone à cette personne. Regarde aussi la posologie : dose dégressive parce que justement, c’est de la cortisone.

- Oui, et puis Cortancul, c’était un peu bizarre comme nom pour un médicament. Ça fait penser à…

- Je ne veux pas savoir, l’interrompt Alice en riant. Comment se fait-il qu’on ait encore autant de Todarem ?

- Ce n’est pas moi qui passe les commandes, répond l’apprentie préparatrice en s’éloignant.

- Christèle, regarde ! Nous avons 2 boîtes de Todarem en seringue préremplie. Il va falloir les écouler…

- On a jusqu’à mars pour écouler les produits de contraste. Ça devrait le faire, dit la préparatrice.

- Oui mais pourquoi est-ce qu’on continue à stocker ? Ils ont été livrés hier. Oh !

- Quoi ?, demande Christèle en s’approchant de l’écran de l’ordinateur que la stagiaire consulte.

- Le paramétrage que nous avions fait n’a pas été enregistré. Le stock limite est toujours fixé à 1 boîte pour chacune de ces références.

- La commande se fait automatiquement, et celui ou celle qui a passé la commande n’a pas dû faire attention. J’appelle la hotline pour corriger ce bug.

- Merci Christèle. Ça va faire bizarre de ne plus dispenser les produits de contraste…

- Perso, je trouve que c’est une aberration, intervient Marion. Je vois mal les secrétaires médicales des cabinets de radiologie gérer les stocks de produit. Et puis qui va donner aux patients les conseils de bon usage ?

- De toute façon, ce n’est pas le patient qui s’injecte le produit, donc en ce qui concerne le bon usage il ne devrait pas y avoir de problème, rétorque Christèle.

- Bien sûr, mais ces produits peuvent entraîner des réactions retardées. Il faut en informer les patients. Cette décision de supprimer l’intermédiaire pharmacien est très étrange, reprend l’adjointe.

Théo rejoint ses trois collègues.

- Ça va Théo ? Prêt pour ta soutenance ?, lui demande Marion.

Le jeune pharmacien soupire puis lève le pouce sans conviction.

- Hé ! Tu y es presque. Ce n’est pas le moment de flancher. Dans une semaine, tu vas devenir Docteur en pharmacie. La classe quand même, dit Alice avec empathie.

- Et puis la thèse n’est qu’une formalité, tu le sais bien !, ajoute Marion.

- Une formalité ! Vous êtes drôles, répond le jeune homme. C’est quand même un événement important. Et puis j’ai changé de sujet il y a peu…

- Rédiger une thèse en deux mois, chapeau !, dit Alice en lui posant la main sur l’épaule.

- Au fait, c’est quoi le nouveau sujet ?, demande Marion.

- Le pharmacien acteur de prévention, avec un chapitre entier consacré à la prescription des vaccins, commence à expliquer Théo avant d’être interrompu par le téléphone.

- Allô ? Bonjour. Non Madame, pas besoin de prendre rendez-vous pour vous faire vacciner contre la grippe. Le DTPolio ? Nous pouvons vous vacciner aussi si vous souhaitez, explique Marion en faisant un clin d’œil au futur docteur en pharmacie.

(à suivre…)

 


Source : Le Quotidien du Pharmacien