Selon une étude de chercheurs de l’American Cancer Society, publiée cet été dans « The Lancet Public Health », les jeunes générations sont plus susceptibles que leurs aînés de développer l’un des 17 types de cancer, parmi lesquels les cancers du sein, du pancréas et de l'estomac.
Toutes les générations ne sont pas égales devant le cancer. Le constat d’une augmentation de près de 80 % des diagnostics de cancer dans les jeunes générations avait déjà été établi en septembre 2023 par une étude publiée dans le « British Medical Journal of Oncology ». Il est aujourd’hui conforté par les recherches d’une équipe de chercheurs de l’American Cancer Society dont les travaux sont parus cet été dans « The Lancet Public Health ». Plus une génération est récente et plus l’incidence du cancer augmente. Le risque de développer un cancer au cours de sa vie s’accroît donc en fonction de l’année de naissance. Ces observations s’appuient sur les données issues de 13 registres portant sur 23,65 millions d’Américains, nés depuis 1920, ayant été atteints par l’un des 34 types de cancer au cours d’une période de vingt ans (entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2019). De même, les 7,35 millions de décès survenus à l’issue de l’un de 25 cancers répertoriés, pendant la même durée, ont été analysés.
Les chercheurs remarquent ainsi que les taux d’incidence augmentent avec chaque cohorte de naissance successive née depuis environ 1920, pour huit des 34 cancers étudiés. Ceci se vérifie tout particulièrement pour le cancer de l’intestin grêle, des reins, du pelvis rénal et du pancréas chez l’homme comme chez la femme. Les personnes nées en 1990 présentent ainsi entre deux et trois fois plus de risques de développer l’un de ces cancers que celles nées en 1955. Dans le cancer du foie et des voies biliaires intra-hépatiques, le risque est doublé chez la femme. De même, pour les neuf cancers suivants : cancer du sein à récepteurs œstrogènes positifs, cancer du corps utérin, cancer colorectal, cancer gastrique non cardiaque, cancer de la vésicule biliaire et autres cancers biliaires, cancer des ovaires, cancer des testicules et cancer anal chez les hommes et sarcome de Kaposi chez les hommes. « Quel que soit le type de cancer, le taux d'incidence dans la cohorte de naissance de 1990 varie de 12 % pour le cancer de l'ovaire à 169 % pour le cancer du corps utérin par rapport au taux de la cohorte de naissance ayant le taux d'incidence le plus faible », souligne l’étude.
Ces résultats soulèvent la piste d’un accroissement et d’une multiplication des expositions cancérigènes au début de la vie ou au début de l'âge adulte pour les générations le plus récentes. Pollution, substances cancérigènes, mais aussi mode de vie et alimentation… Car, remarquent les chercheurs, « dix des 17 cancers dont l'incidence augmente dans les cohortes de naissance plus jeunes sont des cancers liés à l'obésité (colorectum, rein et bassin rénal, vésicule biliaire et autres cancers biliaires, corps utérin, pancréas, cardia gastrique, sein à récepteurs d'œstrogènes positifs, ovaire, myélome et foie et voie biliaire intra-hépatique) ». Certes, l’obésité touche outre-Atlantique toutes les tranches d’âge depuis la fin des années soixante-dix. Cependant, une accélération au cours des dernières décennies peut expliquer cette prévalence inquiétante au sein des plus jeunes générations, notamment parmi les individus âgés de 2 à 19 ans.
Bonne nouvelle cependant, si la mortalité a augmenté dans les cohortes de naissance plus jeunes, notamment pour le cancer du foie et des voies biliaires intra-hépatiques chez les femmes, le corps utérin, la vésicule biliaire et d'autres cancers biliaires, testiculaires et colorectaux, elle a reculé ou s’est tout au moins stabilisée dans les cohortes de naissance plus jeunes pour la plupart des autres types de cancer. Un résultat qui plaide, sans aucun doute, en faveur d’une meilleure prise en charge et d’un dépistage plus précoce.
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