LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Signerez-vous l’avenant tel que proposé par la CNAM ?
MICHEL CAILLAUD.- Notre décision sera prise en assemblée générale, ce qui devrait être fait très prochainement.
La solution proposée par l’assurance-maladie est-elle, selon vous, satisfaisante ?
Non, puisque le but était de déconnecter la rémunération du pharmacien des ventes de médicaments. Or nous restons sur le même schéma. Le fait même de n’avoir aucune garantie sur le taux de TVA montre que les négociations de ces six derniers mois ont été mal menées. L’avenant rémunération dépend de différents textes comme l’arrêté de marge, la définition d’un honoraire pour les ordonnances complexes, etc., qui dépendent de différents ministères. Or on parle en ce moment d’un possible remaniement ministériel… Si cela a lieu, nous devrons repartir de zéro.
Quelle alternative proposez-vous ?
Un honoraire rémunère un acte intellectuel, qui ne peut donc être attaché à une boîte ! La délivrance d’une ordonnance est un acte intellectuel. Le nombre d’ordonnances étant stable, nous avions donc la possibilité d’introduire un honoraire d’un euro par ordonnance. La solution proposée par l’assurance-maladie, qui est conforme au protocole d’accord signé le 9 janvier dernier, choisit de basculer 47 % de la marge sur des éléments changeants. On entend répéter que le générique en France est trop cher et que son prix va baisser, et parallèlement, on passe un accord qui sera impacté par les prochaines baisses de prix. Autant dire que les 4 000 euros qu’on peut obtenir par la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) vont être vite récupérés par l’assurance-maladie grâce aux baisses de prix annoncées. Les baisses tarifaires prévues vont toucher notre marge. C’est l’expression de ce que j’appelle un fiasco des négociations. Enfin, je rappelle que la pharmacie est une entreprise, donc soumise à des charges de fonctionnement en constante augmentation.
L’introduction d’une part d’honoraires dans la rémunération est-elle, selon vous, une solution d’avenir pour le réseau ?
Non puisque cette solution va mettre 16 % d’officines en difficulté. Et ce ne sera pas forcément la trosième officine de la même rue qui va disparaître ; des pharmacies en milieu rural, en pleine désertification médicale, sont concernées. Une officine fait travailler en moyenne quatre personnes, alors si 16 % des pharmacies sont menacées, le risque pèse aussi sur l’emploi de 8 000 personnes. L’assurance-maladie se portera peut-être mieux, mais n’oublions pas que l’hôpital représente 50 % de ses dépenses quand le médicament pèse 15 %.
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