« La rentrée 2016 sera cruciale pour la pharmacie d’officine », expliquaient fin juillet la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Depuis plusieurs semaines, les deux organisations préparent activement le cadre économique de la prochaine convention avec l’assurance-maladie. Car sans enveloppe précise, il leur paraît difficile de pouvoir envisager une quelconque évolution du métier.
Une réunion dans les tuyaux
La FSPF et l’USPO attendent donc que des négociations s’engagent avec le gouvernement. Une réunion de travail devrait se tenir dans les prochains jours au ministère de la Santé, dès que la mission IGAS/IGF sur la régulation de la répartition géographique des officines aura remis son rapport à Marisol Touraine. C’est ce que leur avait promis le directeur de cabinet de la ministre en juillet. Mais le temps presse, car les syndicats souhaitent que le cadre des futures négociations conventionnelles figure dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui sera discuté à l’automne. Autrement dit, les négociations doivent aboutir avant que le PLFSS soit présenté au Conseil des ministres, c’est-à-dire avant la fin du mois de septembre. « La ministre doit nous dire ce qu’elle veut faire du métier de pharmacien demain, comment elle voit l’évolution de cette profession et ce qu’elle attend d’elle pour relever les défis du vieillissement, de la sortie hospitalière, du développement des maladies chroniques et de la prévention, souligne Gilles Bonnefond. Au-delà des mots, il faut définir une enveloppe permettant à la profession de se réformer, d’évoluer, d’investir et de répondre aux attentes de la population. »
Signaux inquiétants
En cas de non-réponse de la part du gouvernement, le président de l'USPO confirme que la profession pourrait être appelée à se mobiliser. « Nous sommes encore dans une période de discussions, explique-t-il. Mais si nous ne sommes pas écoutés, des actions pourraient être engagées. Je sais que les pharmaciens sont prêts. »
Une enquête réalisée sur notre site Internet tout au long de l’été montre en effet que les confrères sont déterminés à monter au créneau si l’économie de l’officine devait de nouveau être mise à mal (voir ci-contre). Certains signaux sont d’ores et déjà inquiétants, telle la lettre d'orientation adressée au Comité économique des produits de santé (CEPS) qui tape de nouveau sur les prix des médicaments et donc sur la marge des pharmaciens (voir encadré). « Cela nous a fait réagir auprès du cabinet de la ministre de la Santé, indique le président de la FSPF, Philippe Gaertner. Car, par effet ricochet, nous sommes directement impactés par ces mesures, ce qui est inacceptable. » Le président de la FSPF attend que Marisol Touraine se positionne sur la question d'ici au 27 septembre, date à laquelle la ministre doit lancer son plan générique. Et Philippe Gaertner prévient : « Nous ne pourrons pas accompagner le plan générique compte tenu de la lettre d'orientation adressée au CEPS, sauf à ce que l'on corrige la partie rémunération du pharmacien en poursuivant sa mutation en la détachant encore plus des prix. »
Quoi qu'il en soit, le président de la FSPF invite, pour l'heure, l'ensemble des pharmaciens à apposer les affiches alertant sur la situation du réseau. « Il s'agit de montrer leur mobilisation à titre personnel, mais aussi de faire passer le message que leur vitrine peut être un support de communication qui sera utilisé », insiste-t-il.
La profession attend donc des engagements forts de la part du ministère de la Santé. Les prochains jours seront décisifs.
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