AU LENDEMAIN de la réunion avec les représentants du ministère de la Santé sur l’évolution de la marge, les sentiments des syndicats d’officinaux sont mitigés. Malgré des avancées, aucune mesure concrète n’a, en effet, encore été décidée pour soulager l’économie des officines. Mais les négociations sont bel et bien engagées. Autour de la table mercredi dernier, une présence remarquée, celle du directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (UNCAM), Frédéric van Roekeghem. « Voilà qui n’est pas courant », souligne Claude Japhet, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). Cette participation montre « l’intérêt que portent les pouvoirs publics à ce dossier », estime pour sa part Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
L’état des lieux.
Le directeur général de l’UNCAM ne s’est pas contenté d’assister à la réunion. Frédéric van Roekeghem a dressé un état des lieux de l’évolution de la marge des pharmaciens entre 2006 et 2009. Or, 2006 étant une année particulièrement noire pour l’économie de l’officine, force est de constater que la marge progresse sur cette période. Cette présentation des chiffres n’est pas du goût des syndicats qui relèvent que si l’on considère la période entre 2005 et 2009, les conclusions sont complètement différentes. « Je conteste les chiffres avancés par l’UNCAM », s’emporte Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). L’intervention du directeur général de l’UNCAM, visait avant tout à relativiser les difficultés actuelles de la pharmacie, sans pour autant les contester, analyse Philippe Besset, président de la commission Économie de l’officine de la FSPF. En clair, une façon d’inviter les officinaux à ne pas être trop gourmand pour la suite des discussions. Car on est seulement au début des négociations.
Deux projets à l’étude.
Les syndicats ont planché tout l’été sur une série de propositions. Deux projets ont été présentés mercredi dernier (voir ci-dessous). D’un côté, celui de la FSPF et de l’UNPF qui propose de relinéariser la marge en revalorisant le seuil de la première tranche. De l’autre, celui de l’USPO qui préconise une augmentation de 10 centimes du forfait à la boîte et l’arrêt des grands conditionnements. Les projets ont été étudiés, à peu près chiffrés, mais rien n’a encore été tranché. Une ultime réunion est fixée au 25 octobre, à la veille de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2011 à l’Assemblée nationale. D’ici là, de nouvelles séances de travail sont prévues avec les pouvoirs publics, et les syndicats ont un mois pour affiner leurs projets. Mais pour l’heure, « il n’y a aucune avancée réelle sur la marge », regrette Claude Japhet.
Des satisfactions.
Toutefois, la réunion n’a pas servi à rien. Les syndicats ont en effet obtenu quelques motifs de satisfaction. D’abord, une bonne nouvelle concernant les maisons de retraite. Le rapport de l’IGAS remis au gouvernement, et qui sera prochainement transmis au Parlement, souligne que l’intégration du budget médicament dans le forfait de soins des EHPAD* « n’est pas une bonne idée », selon Philippe Besset. De même, le ministère de la Santé se dit favorable à la poursuite de l’expérimentation sur 2011, avec une implication accrue de l’assurance maladie, ajoute l’UNPF. Cependant, s’inquiète Claude Japhet, le gouvernement ne s’est pas prononcé sur le retrait de la disposition permettant la création d’une pharmacie à usage intérieur (PUI) dans les maisons de retraite à partir du 1er janvier 2011.
Autres points positifs, selon l’UNPF : le gouvernement s’est déclaré favorable à la valorisation des services dès lors qu’il y a amélioration de la prise en charge du patient et au rééquilibrage des marges entre la répartition et l’officine dans les DOM.
La mobilisation continue.
« Certes, il y a des avancées, mais il existe encore beaucoup d’incertitudes », fait remarquer Claude Japhet. « Nous sommes déçus qu’il n’y ait pas eu d’arbitrage », renchérit Gilles Bonnefond. « Des pistes ont tout de même été données par les représentants du ministère de la Santé », tempère Philippe Gaertner.
Quoi qu’il en soit, les syndicats ne sont pas décidés à relâcher la pression sur le gouvernement. D’autant que, au-delà de l’absence de mesures concrètes pour l’économie de l’officine, la perspective d’un nouveau plan Médicament drastique pour 2011 se profile (voir ci-contre). La FSPF et l’UNPF maintiennent donc leur mot d’ordre de grève de l’organisation des gardes. L’UNPF entend même « renforcer le mouvement de protestation entamé le 10 juillet ». L’USPO, qui avait appelé à cesser la grève en août, compte prochainement mettre à exécution sa menace de manifestation devant le ministère de la Santé. « Nous avions demandé aux confrères de conserver les grands conditionnements non utilisés ramenés par les patients. Nous allons maintenant les appeler à les déverser devant le ministère pour protester contre la poursuite des grands conditionnements sources de gaspillage et néfastes pour l’observance », indique Gilles Bonnefond.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires