NICOLAS SARKOZY semble bien décidé à donner un tour de vis aux dépenses publiques. Il vise notamment celles de la Sécurité sociale, dont le déficit a explosé à plus de 20 milliards d’euros en 2009 et devrait dépasser les 30 milliards d’euros à la fin de l’année. Le chef de l’État a annoncé que l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) serait ramené à 2,9 % l’année prochaine, puis à 2,8 % en 2012, contre 3 % cette année.
C’est dans ce contexte de déficit record des dépenses publiques (7,5 % du produit intérieur brut) que les négociations sur l’évolution de la marge des pharmaciens se sont ouvertes la semaine dernière au ministère de la Santé. Inutile de dire que la partie s’annonce serrée. Pour autant, lors de ce premier rendez-vous, les représentants de l’État (notamment de la direction de la Sécurité sociale) n’ont pas nié le contexte économique délicat traversé actuellement par l’officine. « Tout le monde est d’accord, notre économie est dégradée et la dégradation s’accélère », indique Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « La cote d’alerte est dépassée », poursuit-il. « L’administration n’a pas contesté la situation décrite et a admis les chiffres présentés », renchérit l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). « Les représentants des pouvoirs publics ont admis que les mesures prises ces dernières années sur le médicament ont, compte tenu de la marge dégressive lissée, fortement impacté les pharmaciens d’officine », ajoute Philippe Besset, président de la commission Économie de l’officine à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Les négociations sur l’évolution de la rémunération s’engagent donc sur un constat partagé. Il faut dire que la ministre de la Santé elle-même indiquait récemment au « Quotidien » qu’elle était consciente des difficultés économiques rencontrées par certaines officines (notre édition du 26 avril). Elle juge d’ailleurs nécessaire d’adapter le modèle économique de la pharmacie à un marché du médicament structurellement moins dynamique qu’auparavant. Le pharmacien étant amené à être de plus en plus impliqué dans des actions de prévention, d’éducation thérapeutique ou de suivi des malades chroniques, Roselyne Bachelot estime, par conséquent, que le mode de rémunération des pharmaciens va comprendre progressivement une part de rémunération forfaitaire en fonction de son implication dans ces nouvelles missions. « En ce qui concerne le médicament, l’évolution vers un autre mode de rémunération que la marge pourrait être envisagée, mais il doit être précisément étudié avant d’être mis en place », ajoute la ministre qui craint qu’une modification trop hâtive provoque une déstabilisation du réseau officinal. Les syndicats devraient être à peu près d’accord sur ces hypothèses d’évolution de la rémunération. Mais pour eux, l’urgence n’est pas là. Avant d’envisager un nouveau dispositif, il souhaite, à quelques nuances près, une révision de la marge dégressive lissée (MDL) en vigueur dans les plus brefs délais (voir ci-dessous). Les pouvoirs publics ont conscience de l’urgence. Une solution devra être trouvée le 30 juin au plus tard.
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